Samedi 9 juin dernier s’est ouvert à Nice la troisième Conférence des Nations Unies sur les océans (UNOC3).Celle-ci a réuni plus de 120 pays, des dirigeant·es et chercheur·euses, mais aussi des entreprises et des militant·es pour discuter de la préservation et de la protection des aires marines.
L’UNOC3 n’est pas un espace de négociations formelles, c’est une rencontre pour que les États renforcent leurs engagements autour de l’objectif de développement durable n° 14 de l’ONU. Il n’y a pas d’accord contraignant à l’issue de cette conférence, seulement une déclaration politique (pour l’instant trop peu ambitieuse) et une liste d’engagements volontaires à appliquer au niveau local, en termes de pollution plastique, de surtourisme, de protection des stocks de pêche, de réduction de la pêche illégale… Nos gouvernements doivent s’engager pour que cette rencontre internationale représente un engagement mondial en termes de protection des océans.
Justice sociale et environnementale :
Ne soyons pas dupes : UNOC3 est un gros coup de communication et un haut lieu de bluewashing pour beaucoup de partenaires privés. Visibilisons la société civile qui se mobilise ainsi que les militant·es de tous pays qui sont également présent·es pour faire entendre leurs voix malgré tout.
Il est important que nous fassions du bruit ! Les lobbies industriels exploitant les océans sont des entreprises privées très puissantes (faisant du profit sur les ressources en gaz, sur la pêche industrielle et sur les mines sous marines).
Cette lutte est un combat anticapitaliste :
- de lutte des classes, les petits pêcheur·euses se battent contre les gros, et les pouvoirs politiques prennent toujours le partis des gros.
- un combat décolonial, contre les grandes puissances qui s’accaparent l’océan, bien commun mondial.
- une lutte antifasciste, les lobbies attaquent les militants par des procédés violents, dégradent la pratique démocratique.
- un enjeu féministe : la gouvernance concernant les océans est aujourd’hui fragmentée, opaque et les femmes sont largement sous-représentés dans les lieux de décisions à son propos, alors que leur présence permet une meilleure prise en compte de la biodiversité, une adoption plus rapide des traités environnementaux, des politiques climatiques plus ambitieuses, et une résilience accrue des communautés locales.
À l’approche du sommet, le navire de Greenpeace s’est vu refuser l’accès au port de Nice. Plusieurs militants ont subis des pression : cinq militant·es engagé·es contre la pêche au chalut, ont été arrêté·es et leurs domiciles perquisitionné·es.
Il faut porter les dossiers sous le nez de nos élu⸱es et dirigeant⸱es. Leur inaction est criminelle : iels doivent décarboner les activités, préserver les écosystèmes, protéger les pêcheur⸱euses artisan⸱es et les pêches vivrières autour du monde.
Voici trois enjeux majeurs, discutés à Nice et sur lesquels nous pouvons faire pression auprès de nos dirigeants :
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L’entrée en vigueur du Traité sur la Haute mer
Le BBNJ (Traité sur la biodiversité en haute mer) a été adopté en mars 2023 par 116 signataires, après 20 ans de discussions, mais pour qu’il rentre en vigueur, au moins 60 pays doivent le ratifier.
Ratifié par la Belgique très récemment il manque toujours de plusieurs signatures pour que ce Traité devienne valable (clique ici pour suivre les enregistrements des pays).
Ce Traité permettra de choisir et mettre en place des aires marines protégées (AMP) en hautes mers, qui pour l’instant n’appartiennent à personne (et sont sujettes à une intense surpêche, notamment par chalutage de fond). Une AMP est une partie maritime sur laquelle une autorité (souvent nationale) fixe des limites à l’activité humaine. Il y en a bien sûr de plusieurs types (plus de 5 000 dans le monde) et les zones « complètement protégées » restent trop peu nombreuses et de petite taille. Il est nécessaire de définir concrètement la signification de « protection » dans ce Traité : nous voulons des AMP réellement protégées, où sont interdites toutes les méthodes de pêches destructrices (notamment par chalutage de fond). La pêche est la première cause de destruction de l’océan, et c’est un secteur ultra capitaliste : ce sont de grandes entreprises capitalisées, qui font de l’évasion fiscale, souvent impliquées dans des crimes écocidaires et des violations de droits humains, écrasant toutes les petites pêcheries locales.
Ce Traité aura donc un impact direct sur la pêche industrielle et ses puissants lobbies.
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La protection des grands fonds marins
Début mai, Trump a signé un décret pour autoriser le deep-sea mining, l’exploitation minière des grands fonds marins de l’espace maritime étasunien mais également des les eaux internationales. Plusieurs pays ont déjà délivré des permis d’exploitation (USA, Japon, îles Cook…) pour la recherche de cobalt, nickel, or… La société civile a un vrai poids dans ces décisions : en 2024, la Norvège avait tenté d’autoriser l’exploitation d’une partie de ses abysses, avant de se rétracter face à la mobilisation de la société civile ! Poussons nos gouvernements à refuser toute exploitation de ces grands fonds.
Plusieurs pays se sont dit en faveur d’un moratoire international sur l’exploitation et l’extraction des minerais en profondeur : nous demandons une protection formelle et une interdiction stricte concernant l’extraction et l’exploitation de ces ressources.
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La pollution plastique
Fin 2024, les négociations organisées à Busan (Corée du Sud) pour un Traité international sur la pollution plastique sont tombées à l’eau, en raison des pays producteurs de pétrole et transformateurs de plastique (Arabie Saoudite, Russie, Iran, Venezuela, Chine…) qui refusaient de limiter la production de matière vierge, juteux débouché pour leurs industries. Impossible également de discuter d’une éventuelle interdiction des substances chimiques toxiques utilisées dans les polymères (les grosses molécules qui composent la matière plastique).
Cette semaine un « Traité ambitieux sur les plastiques » a été discuté à Nice visant une réduction mondiale du plastique. L’enjeux est de convaincre un maximum de pays à s’engager, les prochaines négociations formelles pour ce Traité auront lieu début août prochain à Genève. Pour qu’il fonctionne, le texte doit malheureusement être adopté à l’unanimité par les pays participants.
Rappelons que la pêche industrielle est l’une des principales sources de pollution plastique en mer. Nous voulons des obligations contraignantes pour tous les pays !
CALL TO ACTION :
- suivre Greenpeace belgique et signer la pétition pour les Aires Marines Protégées