Le revenu universel : oui mais non ?! – RETOUR

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Le revenu universel peut-il être défendu comme une idée « de gauche » et progressiste tant pour l’individu que pour la société entière ? Les intervenant·e·s présent·e·s à notre soirée du 10 mai dernier n’étaient pas d’accord, mais tou·te·s ont présenté des arguments intéressants dans le but commun de faire progresser notre société vers plus de justice sociale et vers un mieux-être généralisé.

Autour de la table -ou plutôt des tables car le groupe de participant·e·s s’est scindé en 4 pour permettre des échanges plus directs et plus conviviaux- nous retrouvons quatre intervenant·e·s. qui chacun.e explique leur vision du revenu universel :

  • Luca Ciccia , militant dans l’associatif, préfère mettre énergie et argent pour valoriser la Réduction Collective du Temps de Travail plutôt qu’un Revenu Universel, notion qui, selon lui, viendrait déstabiliser ce qui a déjà été mis en place en terme de sécurité sociale et qu’il faut continuer à défendre à tout prix.
  • Zoé Génot, députée Ecolo au Parlement bruxellois,  pense que le Revenu Universel n’est pas la bonne réponse à l’individualisation des droits sociaux ; selon Zoé, il faut lutter contre le « détricotage » des droits sociaux et avancer vers la Réduction Collective du Temps de Travail ; Zoé craint également que le Revenu Universel cumulable avec un autre revenu n’ouvre encore davantage la porte aux petits jobs précaires et incite aussi les femmes à rester au foyer.
  • Baptiste Mylondo, professeur d’économie et de philosophie politique à Sciences Po Lyon, défend le Revenu Universel car selon lui, tout le monde a droit à un revenu pour vivre même en dehors d’un emploi (et même si on choisit de ne pas avoir d’emploi que Baptiste distingue du travail) ; pour pouvoir suivre les propos de Baptiste Mylondo, il faut remettre en cause tout le système actuel et, comme l’a souligné un participant, « mettre des lunettes très différentes pour observer un monde qui serait post-capitaliste et décroissant » ; ce n’est pas toujours évident surtout quand Baptiste nous apprend qu’il n’est pas un inconditionnel du Revenu Inconditionnel… Mais pour lui, le Revenu Inconditionnel, comme il appelle aussi le Revenu Universel, a le mérite de nous interroger sur notre société en général et notamment sur notre rapport au travail et aux bénéfices que celui engendre, tellement mal répartis. Sur ce dernier point, tout le monde était d’accord !
  • Pascale Panis, militante dans l’associatif, défend un Revenu Universel mais pas à n’importe quel prix ; le Revenu Universel devrait évidemment être inconditionnel et permettrait de redistribuer les richesses, ce serait aussi une réponse face à l’évolution du travail (et notamment la numérisation, la robotisation de certaines tâches) ; selon Pascale, les réponses actuelles à la lutte contre la pauvreté sont inefficaces et ne répondent pas aux attentes, il faut trouver une solution innovante et émancipatrice.

Ensuite ce fut au tour des participant·e·s de « travailler » un peu. En effet, l’objectif  était de résumer le mieux possible la vision du revenu universel qui venait de leur être présentée en réalisant un document qui en reprenait les grandes lignes. A ce stade, les contraintes de temps commencèrent à se faire sentir : « Encore 5 minutes, c’est vraiment trop court ! ». Et oui, on en veut toujours plus chez écolo j !

Après cet exercice, nous nous retrouvons tou·te·s dans la grande salle, pour qu’un rapporteur par groupe puisse présenter les différentes visions du revenu universel. Là aussi, il faut faire vite alors que le sujet est dense, il est vrai que la question du revenu universel fait ressortir une foule d’autres questions de société…

Finalement, place aux questions et au débat (qui avait déjà commencé notamment entre les intervenant·e·s qui essayaient de se convaincre) : En quoi le Revenu Universel permet-il de sortir du capitalisme ? La Réduction Collective du Temps de Travail n’est-elle pas une utopie au même titre que le Revenu Universel ? Le Revenu Universel permettra-t-il de trouver une alliance « de gauche » pour le mettre en place ? Les rapports de force seront-ils suffisants pour faire pencher la balance en ce sens ? Quelle différence entre travail et emploi ? Et pourquoi, une telle différence ?

Évidemment, il n’y a pas eu de consensus et le débat contradictoire a bien eu lieu. Espérons que ce débat ait permis à chacun.e d’y voir un peu plus clair et permettra finalement à tou·te·s de mettre sa pierre à l’édifice pour un avenir meilleur et plus juste.

Le compte-rendu complet de la soirée se trouve ici.

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