La Fef, la Fédération des étudiants francophones, s’inquiète de plus en plus du coût du minerval élevé qui pourrait se généraliser pour les étudiants étrangers. Ce lundi, sur LaLibre.be, l’association signe une tribune de sensibilisation en compagnie de dizaines de chercheurs, enseignants et membres de l’associatif. Par ailleurs, les étudiants francophones belges coordonneront des actions et des manifestations sur différents campus cette semaine, avant une plus importante manifestation le 29 novembre, comme le confirme son président Maxime Mori.
La Fef, la Fédération des étudiants francophones, s’inquiète de plus en plus du coût du minerval élevé qui pourrait se généraliser pour les étudiant-e-s étranger-ère-s. Ce lundi, sur LaLibre.be, l’association signe une tribune de sensibilisation en compagnie de dizaines de chercheur.-se-s, enseignant-e-s et membres de l’associatif. Par ailleurs, les étudiants francophones belges coordonneront des actions et des manifestations sur différents campus cette semaine, avant une plus importante manifestation le 29 novembre, comme le confirme son président Maxime Mori.
Les autorités de la Fédération Wallonie-Bruxelles et les universités francophones ont pris le chemin d’une forte augmentation des droits d’inscriptions des étudiant-e-s non européen-ne-s. Depuis cette rentrée académique, les recteurs ont supprimé la catégorie des pays en voie de développement. Cette mesure ayant pour conséquence que les étudiant-e-s issu-e-s de cette même catégorie doivent actuellement payer un minerval de 4.175 € contrairement à l’année académique passée où le maximum s’élevait à 2.758 €. De plus, depuis des amendements apportés au décret paysage, le plafonnement du minerval des étudiant-e-s internationaux-ales a été augmenté à 15 fois le minerval « normal » (c’est-à-dire 12.525€). Enfin, il est de la compétence de l’ARES de fixer librement les droits d’inscription tant que ceux-ci ne dépassent pas 12.525 euros.
Nous ne pouvons accepter que cette logique marchande guide les décisions de l’enseignement supérieur. Les défenseurs de la mesure n’hésitent pas à plaider qu’un droit d’entrée trop faible rend nos universités peu crédibles et attractives sur le plan international, le prix étant considéré comme un signal indicatif de la qualité de la formation. Une telle logique pourrait mener à terme à une différenciation des droits d’entrée entre les filières d’enseignement, les plus attractives exigeant alors un minerval supérieur.
Pour l’essentiel, cette augmentation de minerval est justifiée par un argument financier, à savoir que les étudiant-e-s concerné-e-s n’étant pas financé-e-s par la Fédération Wallonie-Bruxelles, il-elles devraient payer eux-elles-mêmes leurs études de façon à ne pas être à charge de l’université qui les accueille. Il ne s’agit pas de nier la réalité du sous-financement des universités, mais le coût effectif de l’accueil de quelques étudiant-e-s étranger-ère-s est en fait marginal pour chaque université. Dans ce contexte, exiger un minerval exorbitant auprès de ceux-elles-ci revient simplement à faire rentrer de l’argent dans les caisses.
La question qui se pose surtout est celle des situations concrètes dans lesquelles les étudiant-e-s concerné-e-s se trouvent. Face aux contestations des mesures annoncées par les organisations étudiantes, un des arguments avancés par les instances des universités pour justifier le déplafonnement du minerval est que l’origine sociale favorisée des étudiant-e-s issu-e-s des pays pauvres ou intermédiaires leur permet de s’acquitter sans difficulté d’un droit d’entrée très élevé à l’université.
Une telle argumentation est fallacieuse. D’une part, quand bien même la plupart des étudiant-e-s concerné-e-s n’auraient aucun souci pour s’acquitter d’une telle somme, qu’adviendrait-il des quelques autres qui, eux-elles, ne pourraient pas payer un tel montant ? En tous cas, ceux-elles-ci ne peuvent pas se tourner vers le service social puisque les étudiant-e-s non assimilé-e-s belges et ayant obtenu un visa pour études ne peuvent prétendre à une intervention financière qu’à des conditions extrêmement restrictives (comme par exemple le décès de leur garant en Belgique). D’autre part, il est très improbable que la majorité des étudiant-e-s ressortissant-e-s des pays pauvres puissent, sans impact financier important pour euxelles–mêmes et/ou pour leurs proches, s’acquitter d’une telle somme. En effet, d’après Branko Milanovic, spécialiste reconnu des inégalités à l’échelle mondiale, les 5% les plus riches de la population en Inde atteignent en moyenne le niveau de revenu des 5% les plus pauvres aux Etats-Unis, niveau lui-même inférieur à celui des revenus des pauvres en Europe occidentale. Et il en va de même entre les plus riches Ivoiriens et les plus pauvres Allemands. Autrement dit, en termes de revenus, le minerval imposé aux étudiant-e-s issu-e-s de pays comme la Bolivie, le Cameroun ou le Maroc représente de fait une somme considérable y compris pour ceux issus des classes supérieures, à l’exception de la couche extrêmement restreinte des membres les plus fortuné-e-s qui privilégient pour leur part les études dans les universités les plus prestigieuses du monde.
En conséquence, la détérioration des conditions d’accès d’un bon nombre d’étudiant-e-s étranger-ère-s au cours de l’année écoulée, l’augmentation prévue des droits d’inscriptions aura pour effet de mettre davantage en péril les étudiant-e-s issu-e-s des pays concernés, voire de leur bloquer tout accès aux études en Belgique francophone.
Enfin, au-delà de ces enjeux précis, nous nous étonnons du décalage flagrant entre le discours sur les valeurs d’ouverture et de solidarité prônées en particulier par l’ensemble des universités, discours régulièrement mis en avant dans la communication interne et externe de l’institution, et l’impact concret sur les conditions d’accueil et de vie des étudiant-e-s étranger-ère-s issu-e-s de pays pauvres.
Nous, étudiantes et étudiants, chercheuses et chercheurs, professeurs, membres de la société civile, réclamons que le minerval des étudiants et étudiantes issus des Pays en voie de Développement soit identique à celui des étudiants et étudiantes européen-ne-s au nom de la défense d’un enseignement démocratique et solidaire. Nous refusons l’augmentation à 4175€ de leurs droits d’inscription et nous nous opposons également à toute future augmentation.
Les signataires :
Wolff Eléonore, professeure à l’ULB
Van Hamme Gilles, professeur à l’ULB
Martinez, Esteban, professeure à l’ULBµ
Jean-Luc Demeulemeester, professeur ULB
Girès Joël, assistant à l’ULB
Deconinck Peter, professeur émerite VUB
Cesteleyn Ann , Praktijkassistent UGent
Verboven Koen, Hoogleraar Oude Geschiedenis UGent
Gagliolo Matteo, professeur à l’ULB
Fontaine Maxime, chercheur à l’ULB
Georges Christian, avocat honoraire
Vertongen Youri Lou, politologue, Université Saint-Louis, Groupe de recherche « Migrations et Luttes Sociales »
Defossé Guillaume, ancien président de la CNAP
Coeckelberghs Ralph, Licencié en Sciences Sociales B de l’ULB en 1971 et ancien Président du Cercle du libre Examen 1971-73.
Aghion Jacques, professeur émérite ULg
Malak Mona, Union syndicale étudiante
Andrea Guardia, Coordination Générale des Etudiants Internationaux UCL
Gruner Clara, écolo j
Lennert Moritz, chercheur à l’ULB
Maes Renaud, enseignant-chercheur ULB/Université Saint-Louis
Le Paige Charlie, COMAC
Lechien Jérôme, Dr., Médecin UMons
Le Moign Jeanne, Co-présidentes d’OPAC
Hurwitz Heinz, professeur Emérite ULB
Vielle Pascale, UCL
Massin Tanguy, AGL
Ranson Grégoire, BEA
Eisendrath Henri, professeur émérite de la VUB
Cordonier Hugo, étudiant ULB
Loijens Michèle, ancienne représentante des personnels au CA de l’ULB
Klein Pierre, professeur à l’ULB
Nagels Clara, chargée de cours l’ULB
Goetghebuer Lise, doctorante à l’ULB
Decroly Jean-Michel, professeur à l’ULB
Lannoy Pierre, chargé de cours à l’ULB
Bribosia Emmanuelle, professeure à l’ULB, Directrice de la section juridique de l’Institut d’Etudes européennes
Moriau Jacques, assistant à l’ULB
Delchambre Philippe, PATGS
Romainville Alice, collaboratrice scientifique ULB
Strale Mathieu, chercheur à l’ULB
Ginsburgh Stephane, Musicien, doctorant VUB
May Xavier, chercheur à l’ULB
Gilbert Marius, maître de recherches FNRS
Hajji Azzedine, ancien administrateur de l’ULB
Camargo Magalhães Beatriz, chercheure (PhD) ULB
Gall David, chargé de cours ULB
Mahieu Céline, professeure à l’ULB
D’Ans Pierre, chargé de recherches ULB et maître-assistant (HELB)
Mutombo Emilie, Dr. ULB
Dubois Philippe, directeur de Recherches FNRS, chargé de Cours ULB
Gallez Philomène, aspirante FRS-FNRS – Histoire
Joris Véronique, chargée de cours, ULB
Briké Xavier, chercheur (UCL-LAAP)
Lafuente Hernández Sara, chercheure à l’Institut Syndical Européen et doctorante à l’ULB
Jacquemain Marc, professeur à L’ULg
Maréchal Anne-Sophie, bibliothécaire, ULB
Benito Sánchez Juan Carlos, doctorant à l’UCL
Coolsaet Brendan, chercheur, UCL
Van Outryve d’Ydewalle Sixtine, doctorante et assistante, UCL
Vivero Jose Luis, doctorant a l’UCL
Kavadias Dimokritos, professeur VUB – Directeur BRIO
Meheus Joke, Prof. Hoofddocent UGent
Lambrecht Maxime, chargé de cours invité à l’UCL
De Ley Herman, professeur émerite Université de Gand
Malay Olivier, doctorant UCL
Barðdal Jóhanna, Research Associate Professor, UGent
Dupin Jean-Charles, technicien ULB
Peeters Wouter , professeur Invité de Filosofie Politique et Social, Université de Gand, Lecturer in Global Ethics, University of Birmingham
Mana Fazia, cheffe de service, UZBrussel
Louckx Fred, professeur émérite à la VUB
Frank Frank, professor emeritus U. Gent
Giorgi Sergio, chargé de projet chez SMart.coop
Amy Jean-Jacques, professeur émérite à la VUB
Lefebvre Guillaume, médecin, ULB
Huberland Vincent, assistant médecin généraliste à l’ULB,
Canton Gardes Damian Andrés, doctorant, UCL
Rigolet Charlott, assistante UNamur
Peeters Benjamin, assistant UCL
Lagasse Elisabeth, doctorante UCL
Bernal Carrera Gabriela, doctorante, Universidad Central del Ecuador
Saint-Amand Antoine, assistant UCL
Lahouste Corentin, doctorant, UCL
Squevin Clémentine, étudiante UCL, ex-présidente du kot-à-projet Kout’pouce
Gavilan Jose, Briefing (magazine des anciens étudiants de la VUB)
Anne Deprez, déléguée permanente CGSP
Gillard Merlin, président Oxfam ULB
Durez Camille, présidente du Bureau Etudiant en Philosophie et Sciences sociales ULB
Ramirez Maxime, représentant étudiant LASER en faculté de Philosophie et Sciences sociales à l’ULB
El Bouazzati Fatima-Zahra, Cercle des étudiants arabo-européens ULB
Batens Diderik, UGent
Mutombo Emilie, Dr
Ghesquière François, suppléant-maître de conférence
Véroone Baptiste, doctorant UCL
Bucella Fabrizio, professeur à l’ULB
Cheikh Morgane, Etudiants Socialistes de l’ULB
Clette-Gakuba Véronique, chercheure ULB
Hamzaoui Mejed, professeur à l’ULB
Sfeir Jihane, ULB-MSH-Observatoire des Mondes Arabes et Musulmans (OMAM)
Zune Marc, professeur
Ansoms An, professeure
Mangez Eric, professeur
Mahy Christine, secrétaire général du réseau wallon de lutte contre la pauvreté
membres du CriDIS (UCL)
de Beer Daniel, Saint Louis
Sergier Matthieu, Saint Louis
Fournier Anne-Alexandra, Saint Louis
Hebborn Chloé, doctorante ULB
Mazzocchetti Jacinthe, UCL
Ngaleu Monkam Brice, UECE
Séverine Dinjar, SetCa UCL
Maxime Mori, Fédération des Etudiant-e-s Francophone
Arnaud Zacharie, CNCD
Sarah De Leat, chercheuse ULB, CGSP