Retour sur | Démocratie et internet

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L’atelier consacré à internet accueillait (virtuellement et physiquement) deux intervenantes  : Olfa Jelassi, qui a participé à  la révolution tunisienne, et Sarah Van Liefferinge du Parti Pirate. Le but de l’atelier était de voir quel était le rôle d’internet dans les possibilités qu’ont les citoyens de participer au débat politique.

Olfa Jelassi a souligné le rôle d’internet dans le changement de la démocratie, surtout grâce aux mouvements sociaux. Pour elle, l’idée d’une révolution a toujours été un rêve qu’elle a commencé à légèrement envisager en 2008 lorsqu’elle a reçu son premier ordinateur portable. Mais il fallait toujours être prudent car internet doit s’utiliser avec intelligence.

L’objectif d’Olfa était surtout de sensibiliser les jeunes à  la chose politique mais également en matière de culture car cet aspect était souvent négligé par le gouvernement. Internet a ouvert pour elle, une diversité de sources d’information qui est souvent absente des médias tunisiens. C’est à  partir de ce moment-là qu’une critique du système a pu émerger transformant internet en outil d’expression et moyen de réunion. En fait, c’est devenu un complément à la participation démocratique. En ce qui concerne la révolution tunisienne, internet a eu une grande importance car la majorité des jeunes ont un compte Facebook et accès à  internet (via des cybercafés).

L’avantage d’internet c’est que toutes les catégories sociales ont pu participer d’une manière ou d’une autre car les barrières sociales sont tombées. Les « veilles générations » sont entrées plus tard dans la contestation car elles n’ont pas bénéficié autant que les jeunes des outils de mobilisation. Les principaux médias avant ça étaient la télévision et la radio (aux mains de l’État), empêchant ainsi toute forme de contestation chez les générations plus âgées. De plus, les « héros d’antan » n’étaient jamais des jeunes. Cette révolution a permis aux jeunes d’enfin participer à  la vie sociale et politique car ils ne sont pas beaucoup représentés, ni politiquement ni dans l’administration. Maintenant, le grand défi sera d’éloigner un peu les jeunes d’internet pour occuper le terrain et l’espace public. Il faut continuer à  lutter contre la corruption et la dictature surtout à  l’aube de cette nouvelle présidence.

Ensuite, Sarah Van Liefferinge du Parti Pirate belge, est venue nous parler de ce qu’elle appelle la Démocratie 2.0. Celle-ci s’inspire des racines de la démocratie telle qu’elle était pratiquée à Athènes. Il s’agit donc d’une démocratie participative et non pas représentative, qui découle de la seconde industrialisation. Le Parti Pirate voudrait que la démocratie devienne digitale. Le principe est inspiré de la « Liquid democracy »  : les membres décident de jouer un rôle passif ou actif en tant que délégués et sont donc libres de choisir si ils participent directement ou indirectement à  la vie politique. De nombreux exemples qui y ressemblent sont actuellement en train de voir le jour comme l’ « Open Ministry » en Finlande. Cette idée est née d’une récente loi finlandaise permettant de soumettre au parlement toute initiative citoyenne ayant récolté plus de 50 000 signatures en moins de six mois.

Pour atteindre cet objectif, un groupe de geek a mis au point une plateforme permettant de réunir les signatures électroniquement et a reçu le soutien du gouvernement afin de mettre en œuvre des procédures de vérification de ces signatures. L’Open Ministry permet donc une connexion entre le peuple et les élus d’autant plus qu’internet n’est pas exclusif car en Finlande l’accès à  internet est un droit. Ce genre d’initiative est important à  l’heure actuelle car, selon Sarah Van Liefferinge, nous sommes actuellement dans un système corporatiste où les entreprises décident les lois. L’utilisation de la démocratie participative et/ou digitale se révèle donc de plus en plus importante. On nous a proposé des modèle de démocratie mais nous n’avons pas eu le droit de les interroger. Seulement, sa vision de la politique c’est le voisinage et la participation et elle pense que c’est la raison pour laquelle on a vu naître des initiatives telles qu’Occupy et le G1000.

Esther Ingabire

Tu trouveras ici les slides utilisés par Sarah Van Liefferinge lors de sa présentation.

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