Retour sur le film « l’Événement » vu par des membres du Selflove Gang

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Le film raconte l’histoire d’une jeune femme qui tombe enceinte par accident en 1960. Elle veut à tout prix mettre un terme à sa grossesse pour pouvoir continuer ses études.

Au fil des semaines, son secret devient de plus en plus lourd à porter et ses tentatives risquées d’interrompre sa grossesse échouent lamentablement. On la voit seule au monde, elle ne peut ni en parler à ses parents ni à ses profs; même une de ses proches amies la rejette en apprenant la situation. Le jeune homme de qui elle est tombée enceinte ne l’aide pas vraiment non plus. Les docteurs refusent de l’aider à avorter, sachant que c’est illégal. Elle se met de plus en plus en danger au point de frôler la mort.

Sa dernière tentative sera un succès, mais à quel prix pour sa santé physique et mentale ?

Retour d’un‧e membre du GT féminisme +

« Pour moi, ce film était saisissant. Je trouve que les scènes étaient hyper réalistes, on pouvait facilement s’identifier au personnage principal. J’étais vraiment en empathie avec la jeune femme et ça m’a donné une claque de voir à quel point les avortements clandestins étaient violents. Certaines scènes peuvent choquer et décrivent la réalité sans filtre.

Ce film m’a aussi rappelé à quel point je vis dans l’angoisse de la grossesse malgré la contraception, de faire un déni de grossesse*, de devoir avorter et que ce soit potentiellement douloureux et/ou traumatisant, et je ne suis pas la seule personne à vivre ça. Tout ce stress lié à la grossesse non désirée s’ajoute au fardeau de la charge mentale contraceptive** déjà majoritairement portée par les femmes dans les couples hétéros, et par les personnes susceptibles de tomber enceintes en général (une partie des hommes trans et personnes non binaires). A ce propos, n’oublions pas que des discriminations structurelles continuent d’exister dans le domaine médical, ce qui complique l’accès aux soins et à l’information.

En conclusion, ce film renforce mon envie de lutter non seulement pour la dépénalisation de l’IVG et l’allongement du délai, mais aussi pour une meilleure éducation sexuelle, une responsabilisation des hommes cisgenres par rapport à la contraception et la grossesse et une conscientisation de l’impact des grossesses indésirées sur la santé mentale des personnes concernées. »

*( déni de grossesse : 3  naissances pour 1000 en Belgique,
https://www.lesoir.be/395028/article/2021-09-15/le-deni-de-grossesse-etre-enceinte-sans-en-avoir-conscience )

**(ex: prise de rdv médical, achat en pharmacie, prise quotidienne de la pilule, etc )
https://www.planning-familial.org/fr/contraception/cest-quoi-au-juste-la-charge-sexuelle-354

 

Le droit à l’avortement dans le monde en 2022

Certains pays ont connu un recul du droit à l’IVG. Citons notamment la Pologne en 2021 (interdiction de l’IVG pour malformation du foetus) et une partie des Etats Unis comme le Texas et L’Idaho (recul à 6 semaines, récompense financière si on dénonce que quelqu’un a avorté, etc)

D’autres pays au contraire sont en progrès à ce sujet.

En effet, rien qu’en février 2022 :

  • Le Parlement français a voté le passage de 12 à 14 semaines pour avorter et la fin du délai de réflexion
  • Le Parlement néerlandais a voté la fin du délai de réflexion (le délai pour avorter étant déjà de 24 semaines)
  • La Colombie a connu un vote historique permettant l’avortement jusqu’à 24 semaines, dans la foulée d’avancées au Mexique et en Argentine.

Et en Belgique ?

Il y a deux ans déjà, nous écrivions cet article sur la proposition de loi concernant l’IVG : https://ecoloj.be/18-semaines-pour-faire-mon-choix/. Nous nous réjouissions en mars 2020 de l’adoption de cette proposition qui reprenait :

  • La dépénalisation « totale » de l’avortement pour la femme* et pour les médecins ;
  • L’élargissement du délai maximal pour la pratique d’une interruption volontaire de grossesse de 12 à 18 semaines à partir de la conception ;
  • Le raccourcissement du délai de réflexion de 6 jours à 48 heures entre la première visite chez le médecin et l’IVG.

Malheureusement, en juillet 2020, le vote de cette proposition a été reportée pour la 4ème fois devant le Conseil d’État à l’initiative du CD&V, de la N-VA et du Vlaams Belang.

Et maintenant, où en sommes nous ?

La fédération des centre de planning familiaux des FPS l’explique bien en  septembre 2021 :

« L’actualité belge à ce propos est d’ailleurs plus que décevante : après avoir mis au frigo la proposition de loi relative à l’interruption volontaire de grossesse (IVG) cosignée par tous les partis excepté le CD&V, le cdH, la NVA et le Vlaams Belang, le groupe d’expert‧e‧s promis par l’accord gouvernemental du 30 septembre 2020 n’a pour l’instant abouti à rien. Malgré les nombreuses recommandations des fédérations de centres de planning familial, des associations féministes, et de la Commission nationale d’évaluation de la loi relative à l’interruption de grossesse, les politiques ferment les yeux depuis des années sur ce qui pourrait améliorer ce droit qui concerne la santé des femmes. La Belgique continue d’ignorer les centaines de femmes qui, chaque année, ont dépassé le délai trop court de 12 semaines de grossesse et doivent « choisir » entre deux options : se rendre au Pays-Bas et payer de leur poche une coûteuse procédure d’IVG, ou bien être forcée de poursuivre une grossesse faute de moyens (financiers ou autres) pour pouvoir voyager. »

Nous sommes en avril 2022, et l’avortement n’a toujours pas été entièrement dépénalisé en Belgique.

Sources :

 

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