Le 16 novembre, à l’agora, avait lieu la conférence sur les guerres profitables proposée par la CNAPD, la coordination nationale d’action pour la paix et la démocratie. Malgré le peu de monde, une dizaine de personnes, la présentation de Samuel Legros du CNAPD s’est déroulée dans une atmosphère des plus agréables.
La conférence débuta par un constat : le mode de vie occidental est très énergivore. De plus,la consommation d’énergies a augmentée de 40% depuis 1990 et la production énergétique se fait aujourd’hui à l’échelle mondiale à 95% par les énergies fossiles. Bien plus inquiétante, l’augmentation annuelle de la consommation : rien qu’en 2010 la consommation a augmenté de 5,5% !
Il y encore 20 ans, la consommation de ressources énergétiques se faisait essentiellement dans les pays industrialisés de l’OCDE. D’ailleurs, une carte provenant de l’émission Le dessous des cartes, nous a permis de remarquer que les pays industrialisés, les USA et l’Europe (13,8% de la population mondiale), consommaient 37,5 % de l’énergie produite mondialement, alors que les pays d’Asie, qui possèdent ensemble 58,7% de la population mondiale, ne consomment que 44% de l’énergie produite mondialement. Cependant, avec l’émergence de nouvelles puissances économiques et régionales, cette consommation d’énergie est en passe d’augmenter à l’échelle mondiale et de se répartir de manière plus égale.
Avec cette augmentation de la consommation, les énergies fossiles deviennent des enjeux stratégiques, car elles sont vitales pour l’économie, non renouvelables et géographiquement concentrées. Nous avons ensuite eu droit à un tableau récapitulatif des pays consommateurs de pétrole, de gaz et de charbon. Nous voyons donc quels sont les pays dépendants de ces énergies et en premier lieu les USA !
Les exemples belge et européen sont les plus indicateurs : 93% de l’énergie produite en Belgique l’est par le trio fossile et l’uranium. Il faut savoir que, pour l’Europe, 60% des besoins en énergie sont assurés à partir de ressources importées et, selon les estimations, d’ici vingt ans ce chiffre montera à 80%.
A ces constations, s’ajoute la probable pénurie des ressources fossiles d’ici 65 ans, ce qui augmente l’importance stratégique de ces mêmes ressources. Lorsque l’on sait que 9 pays exportent 89% de la demande mondiale, il n’est pas étonnant que l’importance stratégique augmente.
L’exposé en arrivait au concept de sécurité énergétique venant d’une part de l’énorme dépendance des pays de l’OCDE vis-à-vis des ressources fossiles et d’autre part de la demande croissante des pays émergents. Ce qui poussent nos vieux dirigeants à lutter pour l’approvisionnement en ressources. Les menaces sont de différents ordres, mais peuvent être regroupées en deux grandes catégories : l’interruption de la livraison et l’augmentation des prix.
Afin de lutter contre les risques d’interruption de livraison, les états dépendants s’efforcent de diversifier leurs partenariats et d’entretenir de bonnes relations bilatérales avec ceux-ci. Les pays de l’OCDE ont donc mis en place une stratégie à court terme et une stratégie à long terme. A court terme, les pays de l’OCDE, suivent la recommandation de la FAIE d’avoir des réserves de pétrole pour 90 jours en cas de pénurie. Une stratégie à long terme serait de réduire notre consommation d’énergie et de sortir des énergies fossiles en favorisant les énergies renouvelables. Toutefois, ces stratégies à long terme passent actuellement après le renforcement militaire des approvisionnements. La politique américaine semble être l’image même de cette politique, par l’augmentation des bases militaires dans des zones stratégiques, le positionnement des flottes et l’intervention militaire comme dans les détroits ou autour de l’Iran. Ces objectifs de sécurité en approvisionnement sont clairement énoncés dans l’article 41 du concept stratégique de l’OTAN en 2010.
La protection des voies de transport se fait d’abord via la navigation maritime. En effet, 50% des besoins des USA et 70% des besoins européens proviennent de d’approvisionnement maritime. De plus, le transport des ressources fossiles se fait essentiellement par les détroits d’Ormuz et de Malacca, ce qui en fait des lieux stratégiques. Ceci explique la présence militaire américaine à DjiboutiVille, à Singapour, autour du détroit d’Ormuz, etc.
Une fois la présentation terminée, nous avons eu droit à une discussion et quelques questions qui ont permis de mettre en avant que les guerres profitables ne disparaîtraient probablement pas tant que nous aurons une économie énergivore et matérivore. L’exemple des énergies renouvelables est assez flagrant : pour fabriquer les batteries de stockage de l’électricité, l’utilisation de lithium est indispensable. Or, les pays développés sont pauvres en lithium, ce qui obligera ces pays à aller chercher ces ressources ailleurs et pour les avoir à un prix bas, il faudra user des mêmes pratiques.
Un compte -rendu de Gaël, pour écolo j LLN