5G : non à Proximus et à son monde

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2020_5G : Non à Proximus et à son monde

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Une carte blanche du GT 5G d’écolo j

Nous, jeunes écologistes, on vous le dit clairement : on commence à en avoir ras-le-bol d’écouter vos discours sur le progrès et la révolution du numérique. De suivre le marche ou crève de la concurrence et de la productivité. D’avaler les « pas le choix » et les « il est là l’avenir ».

Nous ne voulons pas de la 5G comme avenir. Ça ne nous grandit en rien. Ça ne fait pas progresser nos sociétés, au contraire, ça les fait reculer. Et tenter de nous faire avaler cette pilule en pleine crise sociale et sanitaire est odieux, et profondément anti-démocratique.

Et ne nous sortez pas le couplet selon lequel ça ne serait qu’un combat d’anti-technologistes borné·es !
Pour nous jeunes écologistes, la technologie est neutre du point de vue de son potentiel. Il est tout à fait possible de l’utiliser pour libérer l’humain du travail pénible et créer une société juste où les besoins de chacun·e sont rencontrés. C’est aussi la technologie qui permet la réduction collective du temps de travail, et cette dernière est indispensable à la création d’une société véritablement démocratique car, la véritable démocratie participative, directe et populaire requiert beaucoup de temps : de réflexion, de délibération, de créativité.
Mais la technologie n’est pas neutre dans son usage.
Elle n’est pas déconnectée des réalités physiques dans lesquelles, elle – et nous tou·te·s – nous insérons. Elle n’est pas non plus déconnectée des rapports de pouvoir et des choix politiques posés par la société.
Il se trouve que la matrice sociale actuelle est celle d’une société de dominations qui mène à des choix technologiques oppressifs (ex: militaristes ou de surveillance) ou socialement inutiles (ex: supercars). La 5G en est un parfait exemple.

Non, la 5G n’a rien d’une libération, elle n’améliorera pas la qualité de vie du plus grand nombre.
Pas que ça vous intéresse, car au fond vous vous souciez peu de l’intérêt de tou·te·s, encore moins de celui des laissé·e·s pour compte. Ce n’est, une fois de plus, que de l’intérêt d’une poignée dont on parle, mais qui toujours essaieront de nous faire croire à coups de « progrès inédits pour la médecine » et de « révolutions digitales » que leur œuvre est charitable, que leurs intentions sont pures et que leurs bénéfices sont partagés.

Il n’en sera rien.

Et s’il faut vraiment refaire la liste de tout ce qui ne passe pas, alors récapitulons :

  • La 5G est dangereuse pour la biodiversité1. Elle impacte la survie des abeilles et des autres insectes, celle des oiseaux et in fine donc des écosystèmes sans lesquels nous mourrons. Purement et simplement. De conséquences de zoonoses2, par exemple.

  • La 5G est encore un pas de plus en arrière sur le chemin d’une société décarbonée, des réductions de consommation d’énergie et d’émissions de CO² (oui oui, vous savez, celles pour lesquelles même les plus réac’ de ce pays se sont engagé·e·s)3. Parce que breaking news : le numérique ça pollue. Genre beaucoup. Et la 5G consommera trois fois plus d’énergie que la 4G4.

  • La 5G échappe à tout contrôle démocratique tout en impactant lourdement les libertés individuelles5. Sans même s’attarder sur le fait que les infrastructures nécessaires à son déploiement seront aux mains de multinationales dont le profit est, logiquement et par essence, l’unique boussole.

  • La 5G est un danger pour la sécurité nationale et la protection contre les ingérences étrangères6. Rappelons quand même que cette génération de téléphonie (aux mains, donc, de multinationales majoritairement originaires de pays non démocratiques et avides de pouvoirs géopolitico-industriels) doit permettre de connecter les voitures et nombre d’autres objets, et de créer de nouveaux services dans la santé et l’industrie.

  • La 5G n’a rien de propre, les très nombreuses infrastructures nécessaires à son déploiement nécessitent des métaux dont l’extraction est une catastrophe environnementale7 et un véritable désastre social8. Mais dans la plus pure logique néocoloniale, les débats tournent quasi exclusivement autour des effets sur notre santé, et les réalités sociales des mines d’Afrique Centrale ne semblent pas intéresser grand monde. Quand ce n’est pas des vies de blanc.he.s dont on parle, on croirait à s’y méprendre que ça ne compte pas. Sauf que vous savez quoi, nous on pense que des objets connectés, ça vaut pas le sang sur nos mains.

  • La 5G n’est pas ce dont l’internet libre et les logiciels libres9 (que nous défendons depuis le début en tant qu’écologistes) étaient la promesse 10: elle ne permet que d’une part l’inégalité des citoyen.ne.s face au numérique (ce que l’on appelle la fracture numérique), et d’autre part, le risque lié à l’utilisation de données personnelles sans maîtrise et en toute opacité.

Que va-t-on gagner de si essentiel avec la 5G face à un prix si exorbitant ? Des voitures autonomes ? Des opérations chirurgicales à distance ? Nos priorités sont-elles vraiment là ?

Ce que nous voulons nous, c’est vivre dans un environnement sain et préservé. Ce que nous voulons, c’est la justice sociale, l’égalité des peuples, la dignité pour toutes et tous. Des océans sans plastique, des étoiles qui ne sont pas éclipsées par les satellites.

Nous n’accepterons pas de compromettre notre futur et celui de nos enfants pour un frigo capable de commander tout seul et en temps réel un vol-au-vent Iglo sur Amazon.

Alors à Proximus, aux fervant·e·s défenseu·r·se·s de la 5G, aux frileux et frileuses, on vous le répète :

Votre monde productiviste, extractiviste, colonialiste, ultra-connecté, smart et high-tech, on n’en veut plus. Il prend l’eau de toutes parts et vous le savez pertinemment. Vous savez ce que vos gadgets coûtent à l’environnement. Vous savez les conditions de travail innommables dans lesquelles sont produits vos joujous qui clignotent. Vous avez entendu les alertes lancées par les professionnel·le·s de la santé. Vous savez bien que tous les dictateurs de l’Histoire ont rêvé de pouvoir suivre en direct les moindres faits et gestes de leur population, et bien sûr vous savez aussi qu’à nouveau, le fascisme est à nos portes. Vous savez les continents de déchets plastiques, les enfants soldats du Kivu, les filets anti-suicide des usines d’Apple, la fonte des glaciers et l’écocide des abeilles, tout ça vous le savez.
Alors cessez d’enrober les choses et dites-le comme c’est : la seule chose qui vous intéresse c’est croître, croître, et amasser pouvoir et pognon. Jusqu’à ce qu’on finisse tou·te·s étouffé·e·s, bien assis dans nos canapés connectés.

Et puis vous savez quoi : tout l’argent nécessaire aux études d’incidences sur la santé, utilisez-le plutôt au refinancement des hôpitaux publics. Parce qu’en fait, nocive ou pas, ça n’est pas la question.

C’est le monde et la société que dessine la 5G que nous refusons.

– écolo j –

Publié par Le Soir le 14/05/2020.

1 « Le déploiement de la 5G doit être arrêté, l’appel de 100 étudiants biologistes », Carte blanche, La Libre, 6 mai 2020, http://www.lalibre.be/debats/opinions/le-deploiement-de-la-5g-doit-etre-…

2Maladies animales infectieuses transmissibles à l’être humain

3« La pollution numérique, un fléau invisible », Infographie, Radio France Internationale, 19 août 2019, http://www.rfi.fr/fr/science/20190813-pollution-numerique-internet-envir…

4« La 5G est-elle vraiment utile ? », Le Monde, 10 janvier 2020, http://www.lemonde.fr/idees/article/2020/01/09/5g-ne-sommes-nous-pas-en-…

5« La circulation massive des données remet en cause la vie privée et les libertés individuelles », European Data Journalism Network, 13 octobre 2019, http://www.europeandatajournalism.eu/fre/News/News-data/La-circulation-m…

6« Huawei soupçonné d’un vol massif de données aux Pays-Bas », Le Monde, 16 mai 2019, http://www.lemonde.fr/economie/article/2019/05/16/huawei-soupconne-d-un-…

7 « Quand le constat énergétique des terres rares vient renforcer le postulat des Low tech », Etopia, 26 novembre 2018, https://etopia.be/quand-le-constat-energetique-des-terres-rares-vient-re…

8Guillaume Pitron, La guerre des métaux rares, Le liens qui libèrent, 2018.

9« Pour lutter contre les GAFA, Framasoft veut aller plus loin dans la décentralisation du Web », 27 décembre 2019, https://www.lemonde.fr/pixels/article/2019/12/27/chez-framasoft-des-chat…

10Internet et les logiciels comme biens communs, dont le développement repose sur l’échange circulaire et sur l’intelligence collective. Les logiciels libres reposent sur des principes fondamentaux : la liberté d’exécuter le logiciel sans restriction ; la liberté de l’étudier et de le modifier pour l’adapter à ses propres besoins ; la liberté de le copier et de le redistribuer et de redistribuer la version modifée.

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