Alain, Tiri ou quoi ?

Communiqués de presse

2017_Alain, Tiri ou quoi ?

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Appel d’écolo j pour la dépénalisation de l’IVG et son retrait du Code Pénal

Le retour des réac…

La liberté de choix, un droit fondamental 

Près de 20 ans après la dépénalisation partielle de l’IVG, le droit à l’avortement semble aujourd’hui toujours menacé. Le 1er mars dernier, la N-VA et le CD&V déposaient plusieurs amendements dans le but de délivrer un acte de naissance pour un enfant mort-né à partir de 140 jours, contre 180 actuellement. Plus récemment, un chargé de cours de l’UCL définissait l’avortement comme « le meurtre d’une personne innocente », allant même jusqu’à employer le terme « abject » pour qualifier cette pratique [1].  Hier, cerise sur le gâteau, c’est le Jeune CDH Alain Tiri qui, non sans sarcasme ni mépris, instrumentalisait dans La Libre le deuil de familles pour se livrer à un plaidoyer maladroit contre l’avortement [2] ! Face à cette montée des réactionnaires, écolo j se place en première ligne pour défendre corps et âme le droit des femmes et des personnes qui possèdent un utérus de disposer de leur corps. Les propos d’Alain Tiri, personne à l’esprit soi-disant « désespérément logique », méritent une réponse claire et sans équivoque.

L’embryon, un enfant comme les autres selon le droit. Vraiment ?

Alain Tiri brandit par exemple le préambule et l’article 6 de la DUDH selon lesquels « tous les êtres humains ont une égale dignité, y compris comme père à l’égal de la mère, ou comme enfant indépendamment de sa condition, y compris de son âge» et «tout enfant a le droit de connaître son père et sa mère». Tant du point de vue du droit que de celui de la science, un embryon n’est pas un être humain. Ainsi, l’article 725 du Code civil dit que «pour succéder, il faut nécessairement exister à l’instant de l’ouverture de la succession.  Ainsi, sont incapables de succéder :  1° Celui qui n’est pas encore conçu; 2° L’enfant qui n’est pas né viable;  […]. <L 15-12-1949, art. 28>.» « Celui qui n’est pas encore conçu » n’existe donc pas et ne peut dès lors pas être considéré comme un enfant. Etant donné que le droit ne reconnait pas l’embryon comme un être humain, la DUDH ne s’applique pas pour lui. Par contre, « les lois interdisant l’avortement violent les droits des femmes tels que définis par la Conférence des Nations Unies sur la Population et le Développement (Le Caire, 1994, voir annexe), la Quatrième Conférence Mondiale sur les Femmes (Beijing) et la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme (articles 1, 3, 12, 19 et 27.1). » Tout de même, comme le jeune démocrate humaniste a l’air de beaucoup apprécier la DUDH, nous lui conseillons de méditer sur les articles 1, 12 et 27 (voir notes de bas de page).

Que dit la science ?

Non sans un certain mépris, Alain Tiri affirme « Bien. Que dit la science ? La biologie dit qu’il y a un nouvel être vivant dès la fusion des gamètes, c’est-à-dire, dès le moment où le spermatozoïde du père a rencontré l’ovule de la mère. On apprend ça… à l’école primaire » ;   « Bien entendu qu’aucune femme ne devrait en venir à envisager l’avortement pour son enfant et subir une telle violence! » (entre autres absurdités), oubliant bien vite qu’un embryon n’est pas encore l’enfant de sa mère au stade de la grossesse. Les plantes, les champignons et les bactéries sont eux aussi des êtres vivants. Peut-être faudrait-il rouvrir ses cours de primaire pour s’apercevoir qu’un être vivant n’est pas forcément un être humain. L’opinion d’Alain Tiri mélange donc la morale et les faits. Le droit n’est pas nécessairement défini par ce qui est bon parce que cette notion dépend justement d’une personne à l’autre. Nous reconnaissons évidemment que certaines familles traversent un deuil épouvantable, mais nous ne voulons pas d’une modification de loi qui serait une sorte de Cheval de Troie pour une remise en question du droit à l’avortement. N’ouvrons pas la boîte de Pandore.

Entre bien et mal

Si vraiment la question du bien venait à se poser, n’ayons pas peur d’y répondre. Est-ce « bien » de faire naitre un enfant dont on ne veut pas pour une série de raisons (un manque de préparation, une fragilité financière et/ou psychologique, un viol…). Ces raisons sembleront certainement insuffisantes pour Alain Tiri, mais ce n’est heureusement pas à lui de juger ce qui est bon pour les personnes enceintes. Un peu à l’image de Trump et de son armée de «spécialistes» masculins aux Etats-Unis, force est de constater que le Jeune CDH se sent habité d’une supériorité morale suffisante que pour déterminer le bien et le mal dans un domaine où les personnes possédant un utérus sont les premières impactées. On en revient de nouveau à l’article 12 de la DUDH. En avançant « à croire que la plupart des IVG proviennent d’un viol d’une jeune fille dont la vie est menacée par la grossesse », Alain Tiri occulte par ailleurs totalement la détresse vécue lors d’une grossesse non désirée et celle qui attend une mère qui accouche dans une telle situation.

Retour vers le futur en matière d’avortement : pour écolo j, c’est non !

Actuellement, un tiers des grossesses ne sont pas planifiées et près d’un quart des femmes enceintes décident d’avorter chaque année. Que se passerait-il sans droit à l’avortement ? La question mérite d’être posée. L’avortement tomberait dans l’illégalité plutôt que de disparaitre, tout simplement. Ainsi, il deviendrait plus dangereux et plus précaire. Les avortements « illégaux », très risqués au niveau sanitaire, causent encore chaque année plus de 47.000 décès d’après l’Organisation mondiale de la Santé. L’OMS chiffre d’ailleurs les avortements dangereux à 20 millions sur 46 millions de grossesses interrompues. En France, on comptait 250.000 avortements clandestins par an avant l’introduction de la loi Veil.

En 2017, il nous parait aberrant de se poser encore la question de la restriction de l’avortement plutôt que de son inscription comme droit fondamental. Condamner l’IVG revient à nier le droit des femmes et des personnes qui possèdent un utérus de faire leurs propres choix de vie, et à leur imposer une existence de mère non souhaitée.  C’est pourquoi, écolo j demande aux autres jeunesses politiques de se prononcer en faveur de la dépénalisation de l’IVG. Nous demandons encore plus expressément aux jeunes CDH d’éclaircir leur position à ce sujet.

Contacts Presse:

Laura Goffart | 0488.16.15.77 | Coprésidente

Lucas Bernaerts | 0486. 21.35.01 | Membre du Bureau

 

  • Déclaration Universelle des Droits de l’Homme :

Article premier

Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité.

Article 12

Nul ne sera l’objet d’immixtions arbitraires dans sa vie privée, sa famille, son domicile ou sa correspondance, ni d’atteintes à son honneur et à sa réputation. Toute personne a droit à la protection de la loi contre de telles immixtions ou de telles atteintes.

Article 27

1. Toute personne a le droit de prendre part librement à la vie culturelle de la communauté, de jouir des arts et de participer au progrès scientifique et aux bienfaits qui en résultent.

2. Chacun a droit à la protection des intérêts moraux et matériels découlant de toute production scientifique, littéraire ou artistique dont il est l’auteur.

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