Atomise tes privilèges !

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En 2019, le Selflove Gang, Groupe de Travail féminisme + d’écolo j, mène un projet sur les discriminations et comportements oppressifs en milieux militants et en particulier, au sein des organisations de jeunesse*.

Partant du constat que la base des membres d’écolo j est relativement homogène, composée de personnes blanches, de classe intellectuelle supérieure et aisée, cisgenres (à la différence de transgenre, cela signifie que le genre ressenti d’une personne correspond à son sexe biologique), le Selflove Gang souhaite engager une auto-réflexion critique.

Elle porte sur la manière dont notre organisation de jeunesse politique perpétue certaines discriminations ou dresse des barrières à la participation de certaines catégories de population discriminées et oppressées, que ce soit dans les activités qu’elle organise ou dans les structures de son fonctionnement.

Pour lutter contre les systèmes d’oppressions bien ancrés dans nos normes et nos comportements et ayant reçu les conseils d’associations et de personnes expertes, nous avons choisi comme premier angle d’approche la déconstruction des privilèges, notamment les privilèges de genre, de race et socio-économiques.

C’est quoi la déconstruction des privilèges ?

La déconstruction des privilèges vise à mettre les personnes socialement privilégiées face à leurs privilèges, c’est à dire tous les avantages qu’elles obtiennent dans une société raciste, sexiste et capitaliste du simple fait de leur appartenance à un groupe social dominant. Ces privilèges, elles n’en ont pas conscience la plupart du temps.

Bien des tabous entourent cette question des privilèges car la société – tous les champs de réflexion et de production tels que les politiques, les scientifiques, le milieu culturel, etc. – refuse souvent de reconnaître leur existence. Ceci est par exemple le cas pour la blanchité : la couleur de peau blanche est la norme sociale dominante et n’est donc pas considérée comme une couleur ou une race. Par conséquent, la plupart des combats anti-racistes se concentrent sur les personnes non-blanches, alors que la blanchité est, elle aussi, une construction sociale et une forme de racisation que l’on peut déconstruire.

Les débats sur la valeur ajoutée de la déconstruction des privilèges dans la lutte contre le racisme, le sexisme et les autres systèmes oppressifs sont nombreux : certains.es pensent qu’il faut en parler et faire travailler les dominants.es, d’autres pensent qu’il faut uniquement se concentrer sur les oppressions, le système discriminant et les droits des personnes oppressées.

Nous pensons qu’en raison de la réalité d’écolo j où une grande majorité des membres sont privilégiés.es, il est essentiel de travailler d’abord sur notre organisation pour en faire une fabrique à alliés.es des luttes sociales et, à long terme, une structure inclusive et accueillante. Nous sommes en effet très mal placés.es pour parler et mener seul.es la lutte au nom des personnes oppressées. Nous soutenons par ailleurs tous les combats et mouvements sociaux contre les discriminations systémiques.

Nous sommes convaincues que pour que la société soit plus égalitaire et moins discriminatoire, les dominants.es devront perdre des privilèges. En ce sens, les organisations de jeunesse qui se déclarent en faveur de plus d’égalité et de justice, doivent montrer l’exemple. Et pas seulement en dénonçant le système dans des déclarations d’intention mais en prenant des mesures concrètes pour ne pas l’alimenter ou le maintenir.

Pour amorcer cette approche et en collaboration avec plusieurs partenaires dans le milieu, nous avons concentré nos efforts sur trois formes de privilèges à déconstruire: raciaux, de genre et socio-économiques. Retrouve ici le bilan de nos différentes activités anti-privilèges:

  • Atelier Déconstruction du privilège blanc: Insouciante Blanchité [Article à venir]
  • Atelier Déconstruction du privilège masculin: Masculinité(s) [Article à venir]
  • Atelier Déconstruction du privilège socio-économique [Article à venir]

Pour la plupart de nos activités, nous avons recours à la non-mixité. Pour comprendre l’utilité de la non-mixité en milieux militants, tu peux écouter notre podcast ou lire ce document explicatif de BePax.

Ressources
Amandine Gay, L’antiracisme commence avec la déconstruction du privilège blanc (14.12.2014)

Peggy McIntosh, Qu’est-ce que le privilège blanc ? (04.10.2017)

Wissam Xelka, Déconstruction de la déconstruction : un point de vue antiraciste (29.11.2017)

Lissell Quiroz, Le « privilège » : une notion contre-productive pour combattre le racisme ? (29.11.2017)

Noémie Marignier, Les « énonciations de privilèges » dans le militantisme féministe en ligne : description et critique (14.04.2017)

Horia Kebabza, « L’universel lave-t-il plus blanc ? » : « Race », racisme et système de privilèges (03.12.2009)

Ségolène Roy, Le privilège masculin (04.12.2017)

Rokhaya Diallo, Le concept de blanchité n’a rien à voir avec la couleur de peau (17.09.2019)

* Ce projet est financé par la FWB

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