Élève-toi ! Quelles pistes pour que l’école soit à l’écoute des élèves ?

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écolo j a profité des Rencontres écologiques d’été pour s’attaquer à la problématique de la démocratie à l’école, un enjeu de taille.

L’école est-elle est un lieu démocratique ? Malheureusement, pour la grande majorité des écoles en Fédération Wallonie-Bruxelles, la démocratie est loin d’être une réalité. Et oui, malgré le Décret Mission qui impose un système de délégation au sein des écoles, force est de constater que la parole des élèves n’est pas ou très peu prise en compte. Or, outre une transmission de savoirs, l’école ne devrait-elle pas être un lieu d’émancipation et de responsabilisation ? écolo j en est convaincu! C’est pourquoi nous avons voulu, d’une part, mieux comprendre les obstacles à la participation et, d’autre part, faire émerger les pistes de solutions pour une école plus à l’écoute de ses élèves. Pour ce faire, nous avions le plaisir d’accueillir une belle palette de représentants d’écoles et d’associations différentes : Nathanaël Brugman (Athénée Léonie de Waha), Alan Lenglet (De l’Autre Coté de l’Ecole), Joran et Matthis Dartevelle (Comité des Élèves Francophones), Nicolas Linsmeau et Fanny Ryelandt (Jeune et Citoyen) et Bruno Derbaix (Mouvement des institutions et des écoles citoyennes).

La première partie de l’atelier était consacrée à la présentation de deux écoles à pédagogie de type Freinet qui accordent une importante place à l’élève dans le processus décisionnel. Alan et Nathanaël expliquent que dans leur école, la démocratie peut s’exprimer à travers différents rassemblements  : lors de l’Assemblée générale qui réunit l’ensemble des acteurs de l’école, des conseils de classes qui ont lieu chaque semaine et où les élèves ont l’occasion de mettre à l’ordre du jour tout ce qui leur semble important, des commissions ou des groupes de travail à thématiques précises, etc. Ils ajoutent qu’ainsi l’école est vecteur d’une vison co-construite, où les élèves se sentent porteurs des projets qui émergent. Ils précisent que la confiance entre élèves et professeurs, la patience, le compromis et la capacité d’accepter de faire des erreurs sont des ingrédients essentiels si on veut insuffler de la démocratie à l’école. Cette dernière doit être un lieu où la démocratie se vit et où des apprentis citoyens se créent. Dans ce sens, il n’y a pas besoin de cours de citoyenneté.

Ensuite, Joran et Matthis ont fait part de la réalité des élèves dans l’enseignement traditionnel. Le contraste est fort : bien souvent, les élèves n’ont aucun pouvoir ; c’est toujours la direction qui prend les décisions. Pour la grande majorité des écoles, le système de délégué ne fonctionne pas et ce à cause trois principaux facteurs : la plupart des élèves ne comprennent pas le rôle de délégué car la fonction reste souvent floue, les élèves délégués n’ont pas assez d’outils pour mener à bien leur mission et cette fonction n’est pas assez valorisée par l’école. Ils saluent par ailleurs la démarche de la Ministre de l’Enseignement qui, via le Pacte pour un Enseignement d’Excellence, a demandé l’avis des élèves entre autres concernant la démocratie à l’école. Ils attendent néanmoins les résultats sur le terrain d’une éventuelle réforme pour applaudir des deux mains.

Fanny et Nicolas ont ensuite expliqué leur réalité de terrain en tant que formateurs de délégués et d’encadrants. La faible participation des écoles s’explique entre autre parce que la démocratie demande du temps que les directions rechignent souvent à octroyer. Le souci de respecter le programme des cours passe avant tout. Et c’est sûr, la mise en place d’un système véritablement démocratique appelle à prendre le temps de définir un cadre, à outiller les élèves, à former les professeurs encadrants, à proposer un espace de dialogue, etc. Face à ces contraintes, les moyens mis en œuvre conduisent à un système de délégué qui n’est pas véritablement transversal et intégrateur. Or il faut s’assurer qu’il y ait un projet commun, une construction collective du cadre du système de délégué. Sans quoi, le système risque d’être superficiel et vecteur d’aucune ouverture pour les élèves.

Bruno, du MIEC, confirme le manque de volonté des directions à tendre vers un système plus démocratique. Elles préfèrent conserver un cadre hiérarchique bien défini plutôt que d’opter pour une ligne décisionnelle plus horizontale. Le système pyramidal actuel doit laisser de la place à un système circulaire où tous les acteurs deviennent un moteur de citoyenneté. Le projet pédagogique doit passer d’une logique sanctionnatrice à une logique réparatrice et nous devons transformer notre rapport à l’apprentissage qui survalorise les compétences cognitives au détriment des compétences affectives et relationnelles.

Enfin, la dernière heure de l’atelier fut consacrée au débat. Ce moment d’échange a permis de faire émerger une myriade de propositions globales ou locales qui complétaient les solutions proposées par les intervenants : créer un label « école citoyenne », considérer l’enseignement aussi comme une aide à se réaliser soi-même plutôt qu’uniquement comme une transmission de savoir, sortir de la vision technicienne et marchande de l’enseignement pour redonner de la sociabilité à l’école, bannir le vouvoiement, mettre à disposition des écoles traditionnelles les moyens pour vivre un processus de type Freinet ou Decroly, renforcer la formation initiale et continuée des enseignants et des directions, etc.

Cette rencontre d’acteurs de terrain a ainsi permis de mieux comprendre les obstacles à la participation et à faire émerger une multitudes de leviers pour plus de démocratie à l’école. Cette réflexion ne restera pas sans suite. écolo j ne manquera pas de s’inspirer des expériences et des avis de chacun pour approfondir ses positions et mener des actions futures pour tendre vers une école co-construite, qui mise sur l’intelligence collaborative, la transparence et la bienveillance.

N’hésitez pas à jeter un oeil à :

la présentation d’Alan Lenglet (De l’autre côté de l’école)
la présentation de Joran et Mathis Dartevelle (Comité des Elèves Francophones)

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