Elles se lèvent et elles se cassent. Nous les soutenons.

Communiqués de presse

Le Selflove Gang a signé la carte blanche “On se lève. On se casse.” Et on parle.

Le patriarcat se perpétue en mettant dos à dos les causes, en les hiérarchisant. Il est malheureusement omniprésent, et le secteur associatif ne fait pas exception. Dans ce secteur, sa présence est d’autant plus insidieuse que les oppresseurs peuvent se dissimuler derrière le risque de mettre en danger un projet vertueux. Ainsi de nombreux auteurs de violences misogyne restent impunis en se protégeant derrière des réseaux de connivence et un vernis de respectabilité.

En tant que militantes féministes intersectionnelles, nous dénonçons ce mécanisme et souhaitons exprimer notre soutien total aux travailleuses qui se lèvent contre leur harceleur. Il ne faut pas faire de confusion et soyons clair.e.s : dénoncer les harceleurs, ce n’est pas nuire à la cause ! Bien au contraire. Ils la salissent de part leurs agissements et nous ne laisserons pas passer ces faits silencieusement.

Bien qu’un agresseur puisse représenter dans l’opinion un combat pour une cause immensément juste que nous soutenons. Bien qu’il puisse diriger une organisation dont le travail est incommensurablement précieux… Rien de tout cela ne justifie ce genre d’agissements, ni la protection qu’il peut recevoir. Il est intolérable que quiconque jouisse d’une immunité.

Personne n’est irremplaçable, une association continue à vivre avec une personne respectable et non toxique à sa tête. Un leader (auto-proclamé) n’est pas la cause. Par exemple, la Plateforme Citoyenne de Soutien aux Réfugiés et la solidarité qu’elle organise fonctionne grâce à des centaines de personnes, surtout des femmes, qui œuvrent à l’accueil des réfugiés·es et qui font vivre concrètement le combat pour une politique migratoire digne et non-raciste.

Il est temps que le sort des femmes cesse de passer au dernier plan, derrière tout le reste. Il est temps que les luttes féministes ne soient plus considérées comme des enjeux politiques de second rang. Car aucune cause ne mérite que l’on écrase et détruise des vies. Aucune domination ne peut se justifier, même pour en diminuer une autre.

Enfin, nous n’avons pas besoin de faux alliés. Notre combat n’est ni une mode ni un jeu. Arrêtez d’essayer d’utiliser nos outils et slogans pour laver vos images et vos consciences. Le féminisme ce n’est pas des mots et des intentions, c’est des prises de risques et des actions.

Le Selflove gang – GT féministe non-mixte d’écolo j

“On se lève. On se casse.” Et on parle.

Depuis quelques jours, cette puissante tribune de Virginie Despentes circule sur les réseaux sociaux et est reprise par de plus en plus de personnalités. On ne peut que s’en réjouir. Ce que nous refusons par contre, c’est que cette invitation soit utilisée à des fins personnelles et politiques par des personnes qui reproduisent elles-mêmes ce système de domination qui écrase les femmes et les réduit au silence.

La misogynie ne concerne malheureusement pas seulement le cinéma ou les sphères politiques, elle touche également le secteur associatif où l’on voit des hommes prendre la tête d’organisations par la force, y garder le pouvoir par l’humiliation, et réduire les femmes qui les composent au silence.

Nous parlons aujourd’hui en tant qu’anciennes ou actuelles bénévoles et travailleuses du milieu associatif au sein duquel nous nous sommes engagées avec passion. Nous avons malheureusement payé au prix fort cet engagement, à coup d’humiliation et de violences morales, au point, pour certaines d’entre nous, d’y abîmer notre santé et d’abandonner nos combats.

Moqueries, ordres avilissants, intimidations, décrédibilisations, agressivité empreinte de misogynie sont régulièrement excusés au nom de la cause que ces hommes prétendent défendre et des conditions de travail précaires.

On a vu quantité de personnes engagées, travailleuses ou bénévoles perdre leur envie de se mobiliser. On a vu des travailleurs déshumanisés, jetés à la première contestation.

Nous avons été nombreuses, tétanisées à l’idée de parler de ce qui nous arrivait ou des conséquences que cette parole pourrait engendrer.

Nous savons ces hommes protégés par de nombreuses personnes de pouvoir issues des milieux associatifs, politiques ou journalistiques. On nous a demandé de nous taire, hier et depuis des années, pour protéger ce combat que nous avons en commun. Il est temps d’arrêter de défendre l’indéfendable. Ces abus sont connus et ne devraient plus être tolérés.

Si les actrices ou femmes politiques jouissent d’un certain pouvoir, de par leur visibilité médiatique, nous restons invisibles en tant que travailleuses, militantes et bénévoles. Cette asymétrie qui réduit notre capacité de réaction participe à une complicité que nous souhaitons briser.

Au travers de ce texte, nous refusons fermement que ces hommes bénéficient d’une immunité parce que la structure dans laquelle ils évoluent ou notre combat en seraient affectés. Non, ce n’est pas parce qu’on travaille avec un public précaire et dans des conditions précaires que la maltraitance et la violence sont acceptables.

Ce qui nous rassure aujourd’hui, c’est que nous savons que nous ne sommes pas seules. Nous sommes chaque jour de plus en plus nombreuses à prendre conscience de la misogynie et de la violence dont ils font preuve. Avec le mouvement qui se lève en France et ailleurs, nous nous savons assez nombreuses et assez fortes pour dénoncer ces agissements.

Mais, nous avons également besoin de vous. A toutes celles et ceux qui ont fermé les yeux sur des agissements inacceptables pour soutenir une cause qui est juste, ouvrez-les avec nous. Ne soutenez
plus ce système de domination qui nous pousse à partir et qui nous maltraite. Parlez avec nous. Ne nous demandez plus de nous taire.

À tous ceux qui ont un pouvoir de décision, à tous les membres de Conseils d’Administration, d’Assemblées Générales, à tous les témoins de ces violences, choisissez la complexité de ne pas soutenir les dominants et d’être présents pour les victimes. Utilisez les organes de gouvernance pour exiger des changements. Exigez que ces personnalités toxiques pour nos combats fassent un pas de côté.

Cette semaine, nous nous sommes demandé, une fois de plus, comment osent-ils ?

Comment osent-t-ils relayer une carte blanche qui n’existe qu’en réaction à un système patriarcal dont ils sont parmi les principaux acteurs au sein du secteur associatif ?

De notre côté, c’est décidé. On parle. On espère vraiment que vous aussi.

La carte blanche, « « On se lève, on se casse. » Et on parle » Axelle Magazine.

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