Alors que la Chine et les USA viennent tout juste de ratifier l’accord de Paris ce 3 septembre 2016, il reste encore énormément à faire pour maintenir la hausse des températures moyennes de la Terre à 2°C, sans parler de l’objectif des 1,5° ! Concernant nos sources d’énergie, si nous voulons atteindre les objectifs mentionnés dans l’accord de Paris, 80 % des réserves connues d’énergies fossiles doivent rester dans le sol. Suite à ce constat, le mouvement en faveur du désinvestissement des énergies fossiles prend de plus en plus d’ampleur. Celui-ci vise à inciter les pouvoirs publics, les entreprises et les particuliers à désinvestir des énergies fossiles et ainsi à arrêter de financer le problème pour investir dans les solutions que sont les énergies renouvelables et la diminution de notre consommation d’énergie.
Concrètement, comme nous le rappelle Florence Vanwerts de Financité, toute personne titulaire d’un compte en banque a une influence sur ce qu’elle fait ou ce qui est fait avec son argent. Du choix de la banque aux produits, notamment financiers, achetés, tout peut avoir un impact. Par exemple, 5000€ placés sur un compte épargne classique « émet » (via la manière dont ils sont réinjectés dans l’économie) autant d’émissions de CO2 qu’un 4 x 4 durant un an !
Autre exemple : de nombreuses entreprises investissent dans des fonds de pension pour leurs employés. L’idée derrière la création de fonds d’investissement est d’investir simultanément dans plusieurs entreprises pour ainsi diminuer les risques. La logique cependant reste bien souvent la maximalisation du profit et les critères environnementaux (ou sociaux) sont la plupart du temps très bas ou inexistants. En questionnant donc son employeur sur la manière dont sont gérés ces fonds de pension et en l’incitant à ce que ceux-ci ne soient pas investis dans les énergies fossiles, chacun peut donc avoir un impact sur le réchauffement climatique.
Il n’existe pas de définition légale d’« investissements socialement responsables ». Financité a donc développé une liste noire répertoriant les États et/ou entreprises qui ne respectent pas les conventions internationales ratifiées par la Belgique (spécifiquement dans les domaines du droit humanitaire, des droits sociaux, des droits civils, de l’environnement et de la gouvernance) .
Indépendamment des aspects éthiques et environnementaux qui, à eux seuls devraient suffire à arrêter d’investir dans le pétrole, charbon et autres sources d’énergies polluantes, l’aspect financier n’est pas non plus à négliger. Le modèle d’affaire des entreprises actives dans les énergies fossiles repose sur le postulat qu’elles pourront exploiter 4 à 5 fois plus d’énergies fossiles que ce qui permettrait de rester sous les 2° d’augmentation moyenne de la température terrestre. Cela représente un profit potentiel de 27 mille milliards de dollars. Or, le coût d’extraction est de plus en plus cher car ces ressources sont de moins en moins facilement accessibles (les retours sur investissement sont donc de moins en moins élevés). De plus, les décisions politiques, notamment sous la pression citoyenne, vont vers moins de complaisance et de soutien envers les énergies fossiles et certains chercheurs prédisent un effondrement de l’économie « fossile » bien avant d’avoir épuisé toutes ces réserves. Ces trois facteurs portent à croire qu’une « bulle carbone » pourrait prochainement exploser, ce qui signifierait un effondrement des valeurs financières dans le secteur des énergies fossiles.
Financièrement, il n’est donc plus rentable d’investir dans ce domaine.
Certaines banques, comme Triodos, ont fait le choix de ne proposer que des produits éthiques et durables. Cette institution financière ne participe pas au marché interbancaire ou des devises, qui a une influence sur le prix de l’énergie, ne fait pas de spéculation, ni de titrisation des risques (dilution des risques financiers dans d’autres produits, ce qui augmente le risque de création de bulles financières). Elle a également une activité de sensibilisation des entreprises, notamment celles qui sont cotées en bourse.
Marc Jadoul nous explique que lorsque Triodos examine un projet de crédit, il prend en compte, en plus de l’analyse du risque financier, la plus-value sociétale du projet et considère le risque réputationnel de l’investissement. Cette banque a établi des exigences minimales et des critères d’exclusion pour ses investissements. Sont financées uniquement les entreprises durables et les entreprises faisant des efforts de durabilité (au vu de leur secteur d’activité).
En effet, Marc nous explique que Triodos a pris le parti de dialoguer avec les entreprises et n’a pas de complexe à inclure dans ce dialogue des entreprises n’ayant pas que des activités socialement responsables (il faut cependant que celles-ci n’aient pas des activités contraires aux critères d’exclusion ou aux exigences minimales). Via la présence de Triodos aux assemblées générales des actionnaires, cette banque a la possibilité d’influencer les projets mis en place par l’entreprise. En excluant par principe certaines entreprises, cela revient à leur laisser le champ libre. Dans certaines assemblées générales des actionnaires, Triodos conclut des alliances avec d’autres banques membres de la GABV pour avoir plus de poids. La Global Allaince for Banking on Values (GABV) est un réseau mondial de 36 banques, dont Triodos, constitué pour inciter les autres banques à une finance plus responsable. De plus, Triodos research, dans son activité de dialogue avec les entreprises, encourage ces dernières soit à progresser dans l’évolution de leurs activités durables, soit, concernant les secteurs d’activités classiques, à faire des efforts de durabilité.
Comme le font remarquer certains participants à l’atelier, tout cela comporte des risques de greenwashing. On reste dans ce cadre d’entreprises qui existent pour maximiser leurs profits et phagocyter leurs concurrents, de même que dans une logique de consumérisme et de croissance. Effectivement répond Marc mais il est important de garder le dialogue et d’essayer d’influencer les entreprises cotées en bourse, sinon, on risque de passer à côté d’une opportunité.
Et les opportunité, c’est maintenant à nous de nous en saisir, à nous citoyens, monsieur et madame tout-le-monde ! écolo j a conclu cet atelier en présentant différentes campagnes en faveur du désinvestissement des énergies fossiles. Que ce soit à la STIB, à Ende Gelände ou dans les différentes universités, place à l’action ! En trois groupe, chacun a eu l’occasion de brainstormer sur les actions qu’il ou elle se verrait mettre en place. Alors, pour toi, ce sera quoi ? Une flash mob’ ? Une looooongue liste de questions à ton banquier ?
Lien vers le power point de Marc Jadoul – Triodos
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