L’alimentation durable à la force des mollets ! – RETOUR

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L’agriculture urbaine : symbole ou réelle alternative ? Un peu des deux sans doute, mais, en tout cas, l’occasion de passer une agréable journée, remplie d’échanges et de découvertes.

Les quelques gouttes caractéristiques du ciel bruxellois n’ont pas effrayé ceux.celles qui s’étaient donné rendez-vous à « Erasme » pour démarrer leur périple « cyclo-agrico-urbain » en ce samedi 1er avril.

Première étape : les potagers de « Vert d’Iris »

Assez vite, nous avons l’impression d’être à la campagne, même si nous constatons que les projets d’urbanisation sont bien présents et que le paysage risque de changer rapidement d’ici quelques mois. Et même si les routes ressemblent à des routes de campagne, la pression automobile est bien là…

Nous arrivons aux potagers et c’est accompagné.e.s par Alix que nous découvrons ce qui y pousse : ail, oignons, pourpier, salade, soucis, champignons (substrats récupérés du Champignon de Bruxelles), etc… Au milieu des potagers extérieurs poussent aussi des arbres, en effet, Alix nous explique que le choix s’est porté sur l’agroforesterie, bénéfique à plusieurs titres. Autour d’un thé à la menthe toute fraîche, nous apprenons que Vert d’Iris développe plusieurs axes : l’aspect formatif, l’aspect « offres aux particuliers », notamment par les bacs potagers, et enfin l’aspect production de légumes (ainsi que de quelques fruits et produits transformés). Le but est de « produire local » et de développer l’économie circulaire. Cultiver selon les normes biologiques est pour eux une évidence et ils rechignent même à « vaporiser » les produits autorisés par le cahier des charges bio, ayant recours aux pulvérisations uniquement en cas de menace importante pour les cultures et avec parcimonie.

Deuxième étape : les cultures écologiques optimisées des  « Garçons Maraîchers »

Nous enfourchons nos vélos et partons à la découverte des « potagers » des Garçons Maraîchers, toujours à Anderlecht. Ceux-ci se trouvent sur un « terrain test » mis à leur disposition, ainsi qu’à deux autres personnes, par l’ASBL « Le début des haricots ». Les Garçons Maraîchers y cultivent leurs légumes en appliquant la méthode préconisée par Jean-Martin Fortier pour optimiser les cultures biologiques sur petite surface, le peu de place étant évidemment un élément important en agriculture urbaine. D’emblée, Raphaël, notre guide du jour, nous précise : « La certification bio, je n’en veux pas », pour lui la certification bio est devenu un nouveau « business » et ne garantit pas un produit de qualité, il s’explique : « Prenez un producteur de tomates bio, celui-ci peut très bien continuer à produire comme il le faisait auparavant, en changeant uniquement ce qu’il pulvérise sur ses plants et en utilisant les produits tolérés par le cahier des charges de certifications bio, ce producteur peut continuer à cueillir ses tomates vertes et à les vendre à des centaines de kilomètres de leur lieu de production, vous aurez des tomates bio certes, mais sans goût. Est-ce vraiment intéressant ? » La question est posée… Les Garçons Maraîchers préfèrent que les clients puissent venir voir sur place leur façon de cultiver et, eux aussi, nous expliquent ne recourir aux pulvérisations que pour sauver, en dernier recours, une culture menacée.

Leur rêve ? Trouver 1 ha à cultiver à Bruxelles, la surface nécessaire selon leurs estimations pour pouvoir générer deux salaires et donc vivre de leur activité. Et pourquoi pas pouvoir alimenter un GASAP bruxellois de leurs produits bruxellois ? Avis donc aux propriétaires de terres à Bruxelles : si vous avez 1 ha dont vous ne savez pas quoi faire, une belle initiative à soutenir !

Troisième étape : « Little food », production, préparation et promotion du grillon.

Nous quittons la « campagne bruxelloise » pour aller dans les quartiers très urbains de Saint-Gilles et découvrir, avec une certaine appréhension il faut le dire, la culture du grillon. C’est au « Village Partenaire », un centre d’entreprises avec une approche durable, que le projet « Little food » a pris ses quartiers. Avant les grillons, nous nous arrêtons un instant sur les unités d’aquaponie présents dans la cour : l’aquaponie est un système qui combine l’aquaculture (culture de poissons) et l’hydroponie (la culture des aliments hors sol), système intéressant en ville car il demande peu de place. Ensuite, nous descendons à la rencontre des grillons. Là aussi, l’avantage est le peu de place nécessaire à la production, les grillons n’étant pas bien grands et aimant la promiscuité avec leurs congénères… Après une petite introduction sur les avantages de la consommation d’insectes (notamment le ratio entre la nourriture consommée par les insectes et la nourriture « offerte » par les insectes, le peu d’eau nécessaire à leur élevage, leur haut indice protéinique) et une observation de grillons, nous nous retrouvons dans l’élevage proprement dit : chaleur tropicale et quelques grillons échappés, les fans de Koh-Lanta ne seraient pas déçu.e.s ! Place à la dégustation : séchés, fumés, frais, nous avons eu le choix. Les avis sont mitigés, mais en tout cas, c’est une expérience intéressante.

Dernière étape : « La pousse qui pousse », pépinière durable

Nous enfourchons à nouveau nos vélos pour … deux minutes, le temps de nous retrouver de l’autre côté de l’îlot de maisons et de trouver, un peu coincée entre les immeubles, une pépinière urbaine et durable. Dans cette pépinière, les aromates ont la part belle, mais nous y découvrons aussi quelques plants de légumes et quelques arbres fruitiers en palissade. C’est encore une fois l’ASBL « Le début des haricots » qui se cache derrière ce projet en parallèle avec le contrat de quartier durable, l’idée étant de concilier une prise de conscience face à l’alimentation durable, une « verdurisation » du quartier et un mieux vivre ensemble.

Ce que nous avons appris aujourd’hui c’est qu’une ville, une capitale, ce n’est pas un centre commercial où se monnayent des services et des biens avec comme unique repère « le plus offrant ».

Une ville c’est avant tout ses habitants, qui y vivent, y jouent, y travaillent, y produisent, y mangent…

Et si on mettait en contact les consommateurs et les producteurs, et si on recréait ce lien fondamental entre la nourriture que nous consommons et ceux.celles qui la produisent pour nous, et si nous contribuions, à notre manière, à produire cette nourriture, notre monde serait sans doute plus riche de connaissances et de liens.

L’agriculture urbaine, un beau symbole.

Pour en savoir plus sur le sujet :

Plate-forme Souveraineté Alimentaire 

Je mange donc je suis

Nos enfants nous accuseront

We feed the world

Le monde selon Monsanto

Le cauchemar de Darwin

Les liberterres

Love Meat Tender

Des légumes « autrement »

L’histoire des choses

Les boîtes de conserve industrielles

L’île aux fleurs

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