L’apprentissage des langues est-il un bon outil d’intégration ?

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L’apprentissage des langues est-il un bon outil d’intégration ?

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Avec Bruno De Lille, ancien secrétaire d’État et actuellement député bruxellois et Viviane Gernaey, coordinatrice de l’école « Toren van Babel »

Lors du week-end automnal spécial « enseignement » nous avons voulu nous pencher de plus près sur la question de la langue dans l’éducation comme vecteur d’intégration. Pour cet atelier, nous avions le plaisir d’accueillir Bruno De Lille, député Bruxellois, et Viviane Gernaey, coordinatrice de l’école « Toren van Babel ».

L’école « Toren van Babel » propose des classes d’accueil pour nouveaux arrivants, âgés de 12 à 18 ans. Une des mission de l’école est de leur apprendre le néerlandais en fonction des capacités et de l’intérêt des élèves. Parallèlement à cela les élèves en apprennent plus sur nos traditions et notre culture.

Au bout de 2 heures de présentation, d’échanges et de réflexions, plusieurs éléments clés sont ressortis :

Bruno fait le constat que la Région bruxelloise propose actuellement un système d’éducation qui vise à ce que les enfants deviennent multilingues et finissent leur cursus avec un bagage en français, néerlandais et anglais. Malgré cette volonté, il observe que le niveau reste très faible. Même si les élèves ont reçu pendant 8 ans l’enseignement d’une langue, la plupart d’entre-eux estiment ne pas être à l’aise dans celle-ci au terme de la huitième année… Il estime donc qu’il y a un véritable problème dans l’enseignement des langues. Un des problèmes est que nous enseignons une langue en partant du postulat que la langue maternelle de l’élève est le néerlandais ou le français. Or, à Bruxelles on constate de plus en plus que ce n’est pas le cas. Il faut donc prendre en compte qu’il y a une grande mixité culturelle et linguistique et proposer une pédagogie adaptée. Si l’on éduque une langue sans prendre en compte les antécédents des étudiants et en imaginant que le groupe est homogène, alors probablement que les résultats ne seront pas ceux espérés.

Viviane explique que pour enseigner une langue, il faut effectivement prendre en compte le contexte dans lequel évolue l’enfant. Par exemple, il n’est souvent pas possible d’expliquer à des parents roms que l’enfant doit s’adapter au système éducatif du pays. Beaucoup de leurs élèves viennent de zones de guerres, ont des problèmes financiers, de santé, etc. Leur mission est de les aider à s’y retrouver dans une société qui leur est étrangère et l’apprentissage de langue du pays d’accueil est primordial pour y parvenir.

Bruno constate également le manque d’écoles adaptées pour les élèves défavorisés. Ce manque accentue le fossé de l’inégalité des chances dans la population belge. Par ailleurs, il précise qu’un autre frein à l’intégration réside dans le fait que de nombreuses écoles refusent de parler dans une autre langue que celle de la région où ils se trouvent. Or, rares sont les parents qui choisissent une école en fonction de la langue proposée mais plutôt en regard de ce qu’elle offre comme possibilités à l’enfant. Ce faisant, l’école n’implique pas les parents de façon constructive. Viviane ajoute qu’il faut aussi prendre en prendre en compte que de nombreux parents sont analphabètes et sont incapables d’assurer un suivi pédagogique. Or elle constate que le système d’enseignement actuel impose un accompagnement très poussé des parents qui, bien souvent, se sentent démunis. Ainsi, selon elle, il devrait y avoir plus de moyens pour que les élèves aient un suivi individualisé et mieux encadré.

Une solution pour une meilleure intégration pourrait être de faire en sorte que l’enseignement soit une compétence fédérale. Actuellement, l’enseignement est une compétence des Régions et certains considèrent que cela accentue la division du pays. Il y a de moins en moins de communication entre les deux côtés du pays. En fédéralisant l’enseignement les nouveaux arrivants n’arriveraient pas en Flandre ou en Wallonie, mais en Belgique. Bruno explique néanmoins qu’une des difficultés à la fédéralisation réside dans le fait que les réalités et les besoins des différentes Régions sont différentes. Par exemple, à Bruxelles, il y a plus de mixité et qui appelle donc une éducation plus multilingue qu’en Flandre ou en Wallonie.

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