Retour sur | Lettre ouverte au Conseil d’Administration de l’ULg

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Désinvestissons !

Monsieur le Recteur,
Cher.e.s membres du Conseil d’Administration de l’ULg,

 

L’accord de Paris, adopté à l’issue de la COP21 en décembre 2015, marque un engagement fort de la communauté internationale : maintenir le réchauffement climatique « bien en dessous de 2°C par rapport aux niveaux préindustriels » et « poursuivre les efforts pour limiter la hausse des températures à 1,5°C ». Cet engagement a des implications concrètes très claires : plus 80% des combustibles fossiles doivent rester dans le sol. Et nous devons atteindre le pic mondial des émissions de gaz à effet de serre au plus tard en 2020. Nous devons donc agir sans tarder.

Les changements climatiques ne vont qu’accentuer les inégalités et les injustices au niveau mondial puisque c’est bien dans les pays du Sud que les catastrophes et les changements vont être les plus douloureux. Une situation d’autant plus injuste que ce sont les pays du Nord qui sont les premiers responsables. Ces changements climatiques ont déjà des effets concrets actuellement et ce sont déjà 22 millions de personnes en 2013 qui ont été contraintes de quitter leur territoire en raison de changements environnementaux, devenant des réfugiés climatiques.

Nous sommes convaincu.e.s qu’en tant qu’étudiant.e.s, mais surtout en tant que citoyen.ne.s, nous avons le devoir d’interpeller nos dirigeants, et dans le cas présent le Conseil d’Administration de l’ULg, sur la situation de dépendance dans laquelle nous nous sommes englués depuis trop longtemps vis à vis de ces énergies polluantes.

C’est là qu’intervient la campagne pour le désinvestissement des énergies fossiles, lancées par de nombreuses ONG, acteurs académiques et citoyens. Elle s’articule autour d’une idée simple et claire : l’argent doit être investi dans les solutions, non dans le problème.

De plus, il est désormais possible de démontrer qu’un retrait des investissements dans les énergies fossiles ne va pas affecter la rentabilité des placements. Sur le plan de la finance pure, le désinvestissement a également un sens. Des analyses aussi sérieuses que HSBC ou encore Kepler-Chevreux estiment aujourd’hui que des milliers de milliards d’actifs liés aux fossiles doivent être considérés comme des “actifs bloqués”, soit en vertu de l’accord de Paris, soit tout simplement parce que les investissements nécessaires pour rentabiliser de nouvelles sources d’extraction plus difficiles à atteindre sont trop importants. Ces investissements représentent un risque d’autant plus grand que de futures régulations imposées par les États sur les émissions de gaz à effet de serre sont à prévoir. Les placements dans les énergies fossiles sont résolument ceux du passé et l’ULg pourrait s’en passer sans impact substantiel sur la rentabilité de ses placements.

En tant qu’institution publique, l’Université de Liège a un rôle actif à jouer dans la société. C’est également l’une de ses missions de base, son rôle sociétal. L’Université est aussi un acteur financier important, avec plus de 180 millions d’euros de placements (cfr Sud Presse, édition du 23 janvier 2016, p. 22). Nous vous écrivons afin de vous demander d’agir en faveur du climat, via les investissements conséquents de l’Université.

Nous voudrions vous encourager à poursuivre dans le sens de l’éco-responsabilité et vous demander d’ajouter des clauses très claires sur ces produits en capital détenus par l’ULg, afin de retirer les investissements dans les énergies fossiles. L’ULg doit prendre au sérieux son rôle d’acteur dans la lutte contre les injustices climatiques et agir pour préserver notre planète pour les générations futures.

L’ULg s’inscrirait ainsi dans la nouvelle vague des institutions éco-responsables, au même titre que 180 autres organisations dans le monde telles que l’Université d’Oxford, l’Eglise de Suède, ou encore la ville de Seattle. C’est maintenant au tour de la Belgique d’entrer dans cette dynamique de désinvestissement fossile, avec peut-être pour notre université, le très flatteur statut de pionnière.

Acceptez-vous de vous y engager ?

Merci d’accuser réception de ce courrier. Dans l’attente d’une réaction positive de votre part, nous vous prions d’agréer, Monsieur le Recteur, Mesdames et Messieurs les membres du Conseil d’Administration de l’ULg, l’expression de nos sentiments les meilleurs.

Pour le cercle écolo j ULg,
Lena Bettendorff – lena.bettendorff@student.ulg.ac.be
Lorraine Vendy – lorraine.vendy@student.ulg.ac.be

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