Le vendredi 23 août dernier, dans le cadre de Vert Pop (organisé par Etopia), écolo J a organisé une projection du documentaire « Cobalt, l’envers du rêve électrique », suivie d’une discussion autour du sujet. Il était important pour nous d’aborder la question de l’extractivisme, notamment dans les pays du Sud global. À travers la discussion qui a suivi, nous avons voulu mettre l’accent sur deux éléments centraux dans cette problématique : premièrement, le néocolonialisme, et deuxièmement, les enjeux environnementaux.
La projection du film a suscité un vif intérêt et a donné lieu à des discussions profondes sur les enjeux sociaux, environnementaux et éthiques liés à l’exploitation du cobalt. Ce film, qui jette un éclairage cru sur les conditions de travail déplorables dans les mines de la République Démocratique du Congo (RDC) et les conséquences écologiques dévastatrices de cette industrie, a permis des réflexions profondes sur les réponses que peuvent donner l’écologie politique.
Les enjeux sociaux et environnementaux de l’exploitation du Cobalt
La discussion qui a suivi la projection, modérée par Clara Gatugu (membre d’écolo j) avec Kalvin Soiresse et Géraldine Duquenne comme intervenant‧es, a permis d’approfondir la compréhension des impacts du modèle extractiviste sur les communautés locales en RDC. Le débat a mis en avant le fait que l’exploitation du cobalt, nécessaire à la fabrication des batteries pour les véhicules électriques et autres technologies modernes, se fait souvent au détriment des droits humains et de l’environnement, dont la destruction impacte profondément les populations, qui voient leurs terres rognées par les mines et détruites par les pollutions, donc inexploitables pour l’agriculture par exemple. Les discussions ont souligné l’importance de considérer les vies humaines affectées par cette industrie, ainsi que les écosystèmes fragiles qui sont dégradés par l’extraction intensive du cobalt.
Défis éthiques et moraux
Le débat a également abordé les dilemmes éthiques posés par la demande croissante en cobalt, exacerbée par la transition énergétique mondiale. L’une des questions importantes était de savoir s’il existait une possibilité de concilier la nécessité de passer à des technologies plus respectueuses de l’environnement tout en garantissant le respect des droits humains et la justice sociale. Il est clair que la responsabilité des entreprises et des consommateur‧ices dans ce système doit être fortement questionnée, appelant à une plus grande transparence des chaînes d’approvisionnement et à la promotion de normes de travail plus strictes.
Quels rapport avec la (néo)colonisation ?
Le film montre également que les conditions dans lesquelles fonctionnent le marché mondial des minerais traduit des inégalités profondes entre pays du nord, consommateurs, et pays du sud global, « producteurs » de minerais souvent bruts (par exemple pétrole non raffiné). Ces rapports inégaux sont en fait les conséquences et les suites des rapports autrefois coloniaux, aujourd’hui néocoloniaux, entre le nord et le sud. Dans le cas du Congo, la province du Katanga est exploitée depuis l’époque coloniale belge, les paysages des zones minières sont sculptées par cette exploitation. L’écologie politique doit prendre en compte ces aspects de la lutte contre le dérèglement climatique, de la protection de l’environnement et de la lutte contre les inégalités.
Alternatives pour une transition durable et équitable
En conclusion, plusieurs questions se sont posées sur les alternatives possibles pour réduire la dépendance au cobalt (aux minerais de manière générale) et envisager des solutions plus durables. Les externalités produites par l’extractivisme sont les bases de ces réflexions. Les innovations technologiques pourraient-elles permettre de diminuer l’utilisation du cobalt dans les batteries ? Cela nous paraît peut probable.
Pour construire une lutte pour la protection de l’environnement il a été mentionné l’importance de soutenir des initiatives locales dans les pays sud global (ici le cas de la RDC) qui ont une meilleure connaissance de leurs contextes, et éviter de penser à leurs place ou de les invisibiliser.
L’objectif de cette projection-discussion était de sensibiliser les participant‧es à la problématique de l’extraction du cobalt et des défis à relever pour une transition réellement juste, qui prend en compte l’ensemble des externalités engendrées par notre modèle capitaliste de consommation.
Nous sommes convaincu‧es que l’écologie politique peut répondre à ces problématiques, pour contribuer à nos réflexions vous pouvez rejoindre notre GT décolonisation (decolonisation@ecoloj.be)
