Le 1er mai, les discours s’enchainent, les bières coulent et les travailleurs profitent d’un jour de congé. Le MR se félicitera des mesures gouvernementales et le PS, nostalgique, pleurera son opposition et son coeur qui saigne. Alors, les jeunes préparent l’avenir. Eux, qui ont encore toutes les idées et l’espoir d’un meilleur lendemain.
Quoi de mieux pour se rappeler l’Histoire, que le retour en plein figure de situations passées ? En cette veille de 1er mai, les propositions de réforme de la Loi Peeters sonnent comme le retour en arrière des droits des travailleurs et plus encore, un retour en arrière pour les droits de la jeunesse. Alors que l’insertion des jeunes sur le marché du travail et sa juste distribution devrait être au 21e siècle, ce que l’invention de l’imprimerie fût dans le passé, force est de constater que le gouvernement fédéral nous joue une nouvelle version de « Retour vers le Futur ».
Les mouvements sociaux, et y compris écolo j, avaient déjà dénoncé la suppression des allocations d’insertion pour toute une série de jeunes à savoir ceux qui terminent l’école secondaire à 21 ans et pour ceux qui finissent leurs études à 24 ans. En Belgique, à l’heure où le chômage des jeunes avoisine les 20 %, nous nous demandons quels sont les objectifs du gouvernement Michel et de la Loi Peeters. S’il est vrai que les élus MR aiment se plaindre de l’avangardisme écologiste, pour le coup, leurs propositions ne seraient-elles pas à l’avant-garde pour atteindre un chômage des jeunes à plus de 50 % ?
Job, Job, Job. Mais job de qualité. En Région bruxelloise, la garantie jeunesse permet aux entreprises d’engager un jeune dans les six mois qui suit la fin de ses études pour la modique somme de 200 euros. Cette initiative risque à long terme de mener à certaines dérives comme la multiplication de cette pratique sans garantie pour les jeunes d’un engagement pour une rémunération et un réel contrat de travail.
Pour combattre le chômage des jeunes, il faut des incitants. L’allongement de la carrière ou des heures de travail n’en font certainement pas partie. L’accompagnement des jeunes entrepreneur-e-s n’est pas suffisant, c’est en donnant davantage de moyens dans l’aide au financement que l’on y parviendra. Les jeunes fourmillent d’idées novatrices et cette fibre doit être soutenue. Alors quand une jeune amie nous raconte vouloir se lancer en tant qu’organisatrice de mariage et qu’elle nous explique toutes les difficultés pour réunir les moyens nécessaires, qu’à défaut d’un soutien, elle se contente d’effectuer des missions ponctuelles pour des professionnels du métier, et ce, dans l’attente de développer son entreprise, nous nous interrogeons sur la place offerte aux initiatives innovantes. Nous plaidons pour des mesures permettant à des jeunes de prétendre à un prêt à taux réduit afin qu’ils puissent devenir indépendants et à ce jour, ou peu d’organismes ne peuvent leur venir en aide sans un capital de départ.
Dans l’actualité, on peut aussi se questionner sur la capacité de la loi Peeters à créer de l’emploi. L’augmentation de la limite du temps de travail hebdomadaire sans sursalaire aura l’effet inverse. Désormais, lorsque le carnet de commandes d’une entreprise augmentera, cette entreprise n’engagera pas. Au contraire, elle incitera ses travailleurs à faire plus d’heures, pour moins. Après le travailler plus, pour gagner plus. Voici le travailler plus pour gagner moins. La loi Peeters n’aura aucun avantage sur l’économie du pays, elle ne fait que rendre encore plus flexibles les travailleurs. Si, comme le dit Lacordaire, là où la liberté opprime, la loi affranchit, alors nous disons que là où la flexibilité opprime, les droits sociaux affranchissent.
Au fil des années, la tendance est à la réduction du temps de travail. De 39 heures hebdomadaires en 1999, nous sommes passés à 38 h en 2003. L’augmentation à 45h, comme le préconise la loi Peeters, est un recul considérable. Aujourd’hui, le débat doit se porter sur la réduction du temps de travail pour permettre à chacun de se libérer. Le débat d’ailleurs, sera, on l’espère, celui abordé autour d’une bonne mousse lors des festivités du 1er mai. Des festivités qui appartiennent à toutes et tous, au-delà des monopoles autoproclamés.
Esther Ingabire et Nicolas Raimondi, coprésident·e·s d’écolo j