Quel modèle pour se réapproprier notre énergie?

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2016_Quel modèle pour se réapproprier notre énergie?

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Et si la réappropriation de notre énergie passait par les coopératives citoyennes de production et de fourniture d’énergie verte et renouvelable? Pour en parler lors d’écolo j on fire, nous avons accueilli Nathalie Deguée et Sébastien Cassart de Ferréole SCRL ainsi que Benoit Houbeau de la Maison des découvertes de Comblain-Au-Pont.

Ferréole :

C’est en 2011 que tout a commencé. Electrabel-GDF-Suez présentait un projet d’installation de 4 éoliennes sur le territoire de la commune de Ferrières, à deux pas des communes de Hamoir et de Durbuy. Lors de cette réunion d’incidence environnementale, de nombreux participants ont réclamé une participation des habitants au projet. Le lendemain quelques citoyens se sont constitués en association de fait dans le but d’organiser cette participation et d’entamer les négociations avec Electrabel. Ferréole était née.

Très vite, ils se sont rendus compte que l’achat d’une éolienne citoyenne ne serait pas une mince affaire. Il est apparu rapidement que la constitution d’une coopérative serait la meilleure structure pour financer un tel achat.

En 2012, ils posent l’acte fondateur de la coopérative avec pour objectifs :

1. veiller à ce que les projets éoliens respectent au mieux la qualité de vie des habitants et la biodiversité du lieu. Pour cela, il est nécessaire d’être partie prenante au projet de façon à recevoir toutes les informations utiles et à pouvoir peser sur les choix des promoteurs.

2. assurer la participation citoyenne aux projets afin que les retombées financières profitent aussi aux habitants, à la commune et aux citoyens en général, autrement dit : se réapproprier les sources d’énergie renouvelable qui se trouvent sur notre territoire, dans une démarche émancipatrice et solidaire.

Le projet d’éolienne citoyenne à Ferrières a malheureusement abouti à un refus de permis. Les raisons de ce refus trouvent leur explication sur un critère particulièrement subjectif qui est l’impact sur le paysage, un critère esthétique qui dépend des goûts et couleurs de chacun.

Mais le projet Ferréole n’est pas fini pour autant et se focalise sur un des objectifs premiers qui est la volonté de produire de l’énergie (verte et durable) avec l’envie de la fournir à l’ensemble des coopérateurs. Volonté de développer les circuits courts en matière énergétique.

La philosophie d’une coopérative :
C’est avant tout une question de valeurs car le but recherché ici n’est pas de faire du profit mais de pouvoir d’avoir notre mot à dire dans les choix de la coop. S’il y a un profit, c’est l’AG qui décide ce que l’on fait, si à l’avenir, il devait être décidé de le partager entre coopérateurs, celui-ci ne pourra de toute façon pas dépasser 6% comme le prévoit le Conseil national de la coopération. Chez Ferréole, peu importe le nombre de parts détenues dans la coopérative, chaque coopérateur a droit à une voix en AG.

Un petit mot sur RESCOOP
Le projet de Ferréole a été dès le début soutenu par RESCOOP (Le réseau des Coopératives énergétiques) Ce réseau des coopératives wallonnes d’énergie réunit 12 coopératives implantées sur l’ensemble du territoire et dans les 5 provinces wallonnes. Les sources énergétiques vont de l’éolien, à la biomasse en passant par l’hydroélectrique.

Un petit mot sur COCITER
Ferréole est également membre de COCITER, le fournisseur d’électricité verte et citoyenne. COCITER (COmptoir CIToyen des Énergies Renouvelables) est une société coopérative wallonne qui rassemble plusieurs coopératives citoyennes wallonnes agréées productrices d’électricité renouvelable (principalement éolienne actuellement). La vision de COCITER veut aller au delà de simplement fournir en énergie, il invite donc à une participation active des citoyens aux décisions, en engageant les clients à devenir coopérateurs dans l’une des différentes coopératives productrices d’énergie.

Quelques questions soulevées :
Le projet de lier la producteur et fournisseur sous un même projet coopératif et citoyen est-il complet ?

Non, il reste la question du transport et de la gestion du réseau mais ce n’est pas forcément la volonté de COCITER. L’aspect intermittent des énergies renouvelables plaident en faveur d’un réseau européen interconnecté pour pallier à cette difficulté. Mais il faut que la philosophie des structures coopératives et citoyennes percole à ce niveau pour garantir un pouvoir de décision des citoyens dans cette matière-là.

Qu’en est-il de la dimension individuelle ou collective dans la volonté d’une plus grande autonomie énergétique ?

L’objectif, ici, est de rapprocher le producteur et le fournisseur d’électricité tout en rapprochant le citoyen/client du pouvoir de décision dans une démarche qui se veut collective. L’exemple des panneaux photo-voltaïques individuels et les répercussions que ça peut avoir notamment en termes d’utilisation du réseau plaident clairement pour une logique collective.

Est-il possible que des collectivités locales se joignent aux coopératives énergétiques ?

Elles sont les bienvenues mais elles auront la même voix que n’importe quel autre coopérateur.

Avez-vous une réflexion sur l’accès pour un public précaire ?

Pour le moment, nous n’avons pas la possibilité de répondre aux questions liées à la précarité. Le modèle est encore trop récent pour répondre à cette problématique.

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