Retour sur | Les nouvelles technologies au service de l’entrepreneuriat

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Lors de cet atelier thématique d’écolo j on fire 2014, nous avons accueilli  :

  • Quentin le Bussy : entrepreneur et conseiller communal Ecolo
  • Pierre-Yves Gilson : fondateur de La Forge, espace de co-working à Liège

Pour commencer l’atelier, Quentin le Bussy dresse une série de constats sur le modèle économique actuel. Nous sommes dans un modèle productiviste qui va s’écraser : des idéologies d’horizons très différents le prédisent. Comment veut-on repenser le modèle économique actuel ? Comment passer d’un modèle productiviste à un modèle beaucoup plus sobre ? Comment peut-on passer d’un développement qui génère de la croissance (et donc toujours plus de production) à un système qui puisse faire du développement, mais en étant sobre ?

Il existe différentes manières d’entreprendre. Récemment, on a vu apparaître des modèles plus collectifs sous forme de coopératives. Les pouvoirs publics vont commencer à encourager cette manière de faire du développement : ils essaient de faire revenir des petites entreprises dans les villes, de développer le co-working et des start-up technologiques. Mais force est de constater qu’il n’existe toujours à l’heure actuelle que très peu de moyennes entreprises (qui comptent entre 50 et 100 emplois).

Il y a des vrais défis sur la manière dont on peut faire passer des petites entreprises à de plus grosses structures. Le fait de créer de l’emploi est une des solutions et est bénéfique pour l’ensemble d’une société : il est beaucoup plus difficile de créer du vivre ensemble dans une société où il n’y a pas de travail. Il faut aussi laisser la possibilité aux jeunes de se lancer et de créer leur propre emploi. Jamais dans un parcours scolaire, on ne dit qu’être indépendant est une des possibilités. Selon Quentin, le modèle social belge n’est pas entrepreneur-friendly.

En Région Wallonne, nous sommes les héritiers de toute une série de grosses entreprises. Elles se sont fondées à l’époque dans un modèle économique où il fallait réellement s’en sortir par soi-même. Nous devons donc passer d’un modèle qui a généré de très grosses entreprises (qui tombent en faillite actuellement) à des PME qui génèrent entre 5 et 50 emplois. Quentin pointe un facteur historique qui a bloqué ce développement : les syndicats ne sont pas trop partants pour un fort développement des PME car il faudrait passer d’une logique d’opposition à une logique de coopération. Il pointe aussi la nécessité de procéder à une profonde réforme fiscale. L’assiette fiscale n’est pas juste : on taxe trop le travailleur, les petites entreprises et les indépendants, alors qu’on ne taxe pas assez le capital et les grosses entreprises.

Pierre-Yves Gilson nous présente ensuite l’espace de co-working liégeois : La Forge. Cette initiative a pour origine le plan Creative Wallonia lancé par le cabinet Marcourt. Ils ont été reconnus comme co-working en finalité sociale et ont pu bénéficier de subsides de la Région Wallonne. Si l’on veut démarrer une petite entreprise, on est soumis à une contrainte et une pression énorme de la part du gouvernement : il faut avoir un chiffre d’affaire qui doit valoir autant que le subside accordé pour ne pas tomber dans l’assistanat (de l’ordre de 100 000€ de chiffres d’affaires en un an). C’est un engrenage sans fin : la petite entreprise n’arrive jamais à être suffisamment autonome que pour pouvoir en vivre. C’est le danger de ces plans d’actions mis en place par l’État : le subside exerce une fonction de contrôle indirect. On rentre très vite dans un modèle biaisé : je suis entrepreneur, mais en même temps on travaille un peu indirectement pour l’État. Ça contraint aussi la manière de produire : on ne peut pas faire n’importe quoi dans une entreprise subsidiée.

Pierre-Yves Gilson a une formation d’informaticien. Avec l’apparition des nouvelles technologies, il est possible de faire démarrer très vite quelque chose (il donne l’exemple des Start-up WE : pendant 54H il s’agit de créer une entreprise de A à Z). Mais ça ne peut marcher que dans des domaines du type applications mobiles, l’internet, etc. Ça permet de développer des entreprises de service qui ont énormément de valeurs comme produit final et qui ne coûtent pas extrêmement cher à développer. Mais bien qu’allant vite dans la création, les nouvelles technologies ne permettent pas de créer beaucoup d’emplois : ce sont à chaque fois des petites équipes de 2-3 personnes qui développement un produit ou un service.

Actuellement, l’accès à la création d’entreprises est extrêmement cher et pas évident. Il y a des patrons qui ne donnent du travail à personne et qui paient beaucoup moins d’impôts que des entrepreneurs de PME. Pierre-Yves pointe ainsi la nécessité de développer des coopératives à finalité sociale : il faut autoriser ses employés à devenir coopérateurs et donc à prendre une part active dans la société. Ce modèle n’est pas promu car il est compliqué à mettre en place et que c’est une nouvelle forme de relation contractuelle.

Un espace de co-working est un espace de travail mutualisé. Pour X euros, tout un espace de travail est fourni, avec connexion internet et autres facilités. L’avantage, c’est qu’on ne travaille plus seul chez soi. Le co-working, c’est le fait de créer des endroits propices à la rencontre associés au travail : ça peut aider à faire émerger des projets et/ou à les renforcer. Actuellement, La Forge accueille une trentaine de co-workers, mais ils espèrent atteindre une soixantaine de travailleurs. Ils sont ouverts à tous les types d’entrepreneurs. Grâce au fait de travailler dans le même espace, des collaborations se développent entre les co-workers et il arrive qu’un entrepreneur sous-traite du travail à un autre co-worker. Tout se fait de manière informelle, à part quelques moments d’échanges conviviaux qui sont proposés. Attention, La Forge met à disposition des co-workers des services (connexion internet, machine à café, etc.) mais ce n’est pas un incubateur ou une pépinière d’entreprises (comme Job’In par ex.).

Il existe actuellement 8 espaces de co-working qui se sont développés grâce à Creative Wallonia (comme Betacowork ou encore Transforma BXL). La difficulté des espaces de co-working en Wallonie, c’est qu’on change complètement le modèle économique dominant, ainsi que les habitudes de travail. Il n’y a plus de concurrence : le gâteau est suffisamment large que pour se le partager. Les co-workers qui répondent à la même demande se mettent ensemble pour mutualiser les efforts.

Merci à Quentin et Pierre-Yves de nous avoir fait découvrir comment les nouvelles technologies peuvent développer l’entrepreneuriat. Des vocations sont peut-être nées lors de cet atelier !

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