Retour sur | Référendum, la panacée démocratique

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A l’heure du désenchantement quasi généralisé de nos démocraties, beaucoup perçoivent le référendum comme un remède démocratique. En donnant, tant à  Albert Frère, qu’à  Joëlle Milquet, à  Vincent Kompany ou à  ma grand-mère une voix décisionnelle, nous sommes certains que la décision reflétera l’avis du Peuple. Ah ouais… Vraiment ? Plusieurs critiques peuvent être adressées à  ce dispositif.

Formulation de la question

Tout d’abord, les citoyens n’interviennent que bien tardivement dans le processus. Qui élabore la question ? Comment est-elle formulée ? En terme d’allocations de chômage, le résultat d’un référendum demandant : « Êtes-vous favorable à une limitation dans le temps des allocations de chômage ? » ne sera pas le même qu’avec la même question introduite par « Étant donné qu’il y a une offre d’emploi pour 7 demandeurs, êtes-vous… ? ». Les référendums d’initiative citoyenne répondent à cette critique, pour autant que les mesures entourant leur lancement ne soient pas trop restrictives.

Portée du référendum

La seconde critique est celle de la portée du référendum. En effet, il ne faut pas confondre référendum (à valeur décisionnelle) et consultation populaire. A quoi cela sert-il de demander l’avis de la population si c’est pour ne pas en tenir compte ? Dans ces conditions, il ne faut pas s’étonner que les consultations populaires peinent à réunir des participants, puisque leur avis pourra finalement être ignoré par les élus.

Importance de la délibération.

Enfin, se forger sa propre opinion, entendre celle des autres, changer d’avis,… Bref délibérer, c’est indispensable. Le caractère essentiel de la délibération est révélé dans les expériences de James S. Fishkin [1]. En 2011, on a demandé à un panel représentatif de citoyens sud-coréens s’ils étaient favorables à ce que leur pays possède l’arme nucléaire. 53 % des participants ont répondu oui. Une courte majorité certes, mais une majorité quand même. Le résultat de la même question posée au même panel après délibération (qui consistait en une discussion par petits groupes) est édifiant : seuls 34 % y étaient encore favorables !

En région wallonne, la consultation populaire est depuis peu possible ; elle l’était déjà dans les communes et les provinces. Un Wallon sur 36 devrait signer pour, non pas déclencher un référendum, mais une simple consultation populaire. D’où cette question : existe-t-il un réel progrès en la matière ?

Cet article a été rédigé par Marc Magnery pour JUMP, le magazine d’écolo j (Édition n°15 – Processus décisionnels )

[1] http://cdd.stanford.edu/polls/docs/…

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