Sofagesprek sur l’enseignement – Compte rendu

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Le Sofagesprek est le traditionnel point d’orgue du week-end automnal. C’est une rencontre conviviale des personnalités politiques d’Ecolo et de Groen durant laquelle tous les participants ont l’occasion d’interpeller nos politiques et d’imaginer, ensemble, des solutions aux problématiques rencontrées.

Lors de cette édition 2016 et pour parler d’éducation nous avions le plaisir d’accueillir Barbara Trachte, députée à la Fédération Wallonie-Bruxelles et Elke Decruynaere, échevine de Gand, toutes deux en charge de l’enseignement. Voici un aperçu des réponses de nos deux invitées à nos questions :

Que pensez-vous de la phrase de Nelson Mandela « Education is the most powerful weapon which you can use to change the world. » ?

Elke pense effectivement que l’éducation influence beaucoup la société dans son ensemble car c’est une matière qui touche tout le monde. Chacun a le droit à l’éducation. Barbara abonde dans ce sens et précise que le plan éducationnel à été abordé lors de la COP21 : les états doivent maintenant aussi travailler à cet aspect-là pour changer les comportements et préserver la planète.

Que pensez-vous de la citation de Jospeh Ernest Renan « Une école ou les écoliers feraient la loi serait une triste école. » ?

Barbara explique que dans une école, il y a une multitude d’acteurs et, trop souvent, on oublie de prendre en compte l’avis des élèves pour la mise en place des règles. L’école devrait donc inviter tous les acteurs à participer au fonctionnement de l’école.

Elke souligne elle aussi l’importance de la démocratie à l’école. Pour elle, le système démocratique ne doit pas être enseigné de manière théorique. Il doit se pratiquer au sein même de l’école, avec tous les acteurs. C’est par cette voie là que l’on trouve des solutions partagées et que l’on forme les élèves à devenir des citoyens tout en exerçant leur sens critique.

Comment faire pour motiver les jeunes de milieux plus défavorisés à s’engager dans le processus démocratique d’une l’école ?

Pour Barbara, pour que ce système marche, il faut qu’il y ait une vraie volonté de la direction de l’école de prendre en compte l’avis de tous les élèves. Il y a un décret qui théoriquement oblige les écoles à mettre en place un système de délégués, mais sur le terrain on voit bien que ce n’est pas suffisant. Ça ne fonctionne pas bien uniquement parce que c’est imposé. Il faut donc qu’il y ait une envie de l’école, en partenariat avec les parents, de mettre un système bien pensé, non « paternaliste » et réellement inclusif. Elke ajoute à cela qu’il faut trouver des nouvelles manières pour entendre l’avis des élèves. Il y a d’autres moyens de faire vivre la participation que les systèmes de vote, de présence aux réunions, etc.

Il existe beaucoup de pédagogie alternatives qui ont fait leur preuves (pédagogie Freinet, Steiner, etc.). Pourquoi si peu d’écoles en Belgique reproduisent ce type d’enseignement ?

Elke souligne qu’il existe 17 écoles à pédagogie Freinet à Gand. C’est une des villes où il y a les plus d’école de ce type dans le monde. La méthode Freinet est basée sur le dialogue avec l’élève et a pour vocation de partir de l’expérience du jeune tout en lui apprenant à être autonome dans sa manière d’apprendre. Barbara explique que ces types de pédagogie ne sont pas généralisé en Belgique parce que ce sont les pouvoirs organisateurs qui décident comment ils veulent fonctionner. La grande majorité des directions sont encore réticentes à l’idée d’opter pour ce type d’enseignement car on retrouve encore une idéologie fortement socialiste qui appelle à un système où tous les élèves doivent avoir le même régime, sans spécialement d’accompagnement individualisé. Elle ajoute à cela qu’il y a un vrai problème au niveau de la formation des futurs professeurs : la grande majorité des gens qui forment les professeurs ne sont pas convaincus ou mal informés par ce type de système. Du coup, les nouveaux profs ne le sont pas non plus. Il y a pas mal de choses à revoir par rapport aux formations initiales des enseignants. Néanmoins, elle précise que la tendance change : les directions sont de plus en plus intéressées par ces types de pédagogie qui ont une certaine image de modernité.

Que pensez-vous du Pacte d’Excellence ?

Barbara explique que le Pacte d’Excellence est un processus lancé par le Gouvernement qui vise à réformer l’enseignement pour les 20 prochaines années. Elle précise que c’est difficile d’avoir une opinion claire sur ce Pacte car le processus n’est pas public et que donc on ne sait pas vraiment quelles vont être les décisions. Il s’avère néanmoins que ce Pacte aura moins une connotation néo-libérale que ce que l’on craignait. Elke ajoute à cela que l’éducation en Belgique est déjà de très bonne qualité. Là où l’on doit encore faire beaucoup de progrès c’est en matière d’égalité des chances.

Plutôt que de pousser les jeunes à avoir un diplôme qui ne leur servira peut-être à rien sur le marché du travail, ne faudrait-il pas se concentrer sur le bien-être et l’épanouissement des élèves ?

En réponse à cela Barbara explique que c’est un problème sociétal. Même les parents qui mettent leur enfants en pédagogie active ont peur qu’ils n’aient pas le niveau nécessaire à la sortie du cursus. Selon elle il faut continuer à apprendre aux élèves à acquérir des savoirs et des compétences, mais parralèlement à cela il faut apprendre aux élèves à devenir autonome.

Elke explique qu’effectivement les matières enseignées sont fortement liées au besoin du marché du travail. Or, il faut savoir que dans 10 ou 15 ans ces besoins ne seront plus les mêmes. Beaucoup d’écoles n’osent pas opter pour un système progressif car ils ont peur que cela implique un manque de résultats. On est dans un système élitiste. Selon elle, plutôt que se concentrer sur l’enseignement de connaissances, il faudrait donner envie aux élèves à apprendre et faire en sorte qu’ils se sentent bien à l’école.

Que faire pour donner une meilleur image aux filières techniques et professionnelles ?

Elke opterait pour un tronc commun jusqu’à la troisième année de secondaire de l’élève. De la 1ère à la 3ème année les élèves auraient l’occasion d’apprendre à faire des choses plus techniques. Ils pourront ainsi mieux découvrir leur centres d’intérêt et les filières techniques et professionnelles seraient plus valorisées.

Quelles sont les solutions prioritaires pour améliorer l’enseignement en Belgique ?

Elke pointe du doigt la disproportion entre le nombre d’élèves et les moyens humains et financiers à disposition. La première étape ce serait de les augmenter.

Barbara met en avant la problématique actuelle de l’accueil en maternelle. C’est un secteur qui a vraiment des très faibles moyens humains et financiers en Fédération Wallonie-Bruxelles. Il faudrait augmenter l’accompagnement des élèves en maternelle. Ça permettrait aux élèves de commencer sur de bonnes bases dans leur parcours scolaire. Ce qui n’est pas le cas pour beaucoup d’entre eux actuellement. De plus, elle ajoute que l’enfant qui est en maternelle doit être tenu à l’écart de toute pression néo-libérale. Il doit prendre du plaisir à venir à l’école, à travers une pédagogie basée sur le jeu et l’épanouissement.

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