Soutenons l’agriculture paysanne et protégeons les terres nourricières !

Actions

Le 17 avril 1996, dix-neuf paysan·nes du Mouvement des travailleurs ruraux sans terre du Brésil (MST) ont été assassiné·es par des tueurs commandités par de grands propriétaires terriens. En mémoire de cette tuerie, le 17 avril est devenu la Journée Mondiale des luttes paysannes, l’occasion de mettre en avant les enjeux du monde paysan.

Le début de l’année 2024 a été marqué par les mobilisations des agriculteurs·rices en Europe pour protester contre la baisse de leurs revenus, la hausse des charges et la concurrence déloyale découlant des accords de libre-échange. Cette colère agricole portait une demande simple : des revenus décents et les moyens adaptés pour réaliser la transition agroécologique. Si les manifestations de blocages routiers se sont apaisées ces dernières semaines, les dysfonctionnements soulevés par le monde paysan restent d’actualité. C’est pourquoi, à l’occasion du 17 avril, il faut se mobiliser et soutenir le monde paysan. 

L’accaparement des terres menace nos paysan·nes

En Belgique, 44% du territoire belge est occupé par des terres agricoles (1) et près de la moitié des exploitant·es agricoles prendront leur retraite dans les années à venir (2). Pourtant, il devient de plus en plus difficile pour les petits producteur·rices ou les jeunes paysan·nes d’avoir accès à des terres. La raison ? La pression foncière et la concentration des terres aux mains des grandes exploitations, qui causent une telle hausse des prix des terrains cultivables que la plupart des nouvelles·aux paysan·nes ne peuvent pas y avoir accès (3).

L’appropriation des terres par le groupe Colruyt en est un exemple révélateur. Dans le but de pouvoir contrôler tous les maillons de la chaîne de production, Colruyt met en place de grands projets d’acquisition des terres agricoles pour que les agriculteurs·rices y produisent des denrées pour sa chaîne de supermarchés. En conséquence, le prix des terres augmente, tandis que les agriculteurs·rices qui travaillent sur les terres agricoles appartenant à Colruyt ont des contrats précaires avec peu de sécurité sur le long terme (4)

Les projets fonciers d’acquisition des terres comme ceux de Colruyt promeuvent un modèle d’agriculture industrielle au détriment de l’agriculture paysanne et privent les paysan·nes de l’accès aux terres nourricières

Le contrecoup de la rentabilité à tout prix

Les paysan·nes qui ont encore la chance de posséder des terres se retrouvent confronté·es à une grande volatilité des prix et à des revenus insuffisants. En Belgique, les prix des denrées alimentaires sont relativement bas, alors pour survivre, les agriculteurs·rices sont contraints d’essayer d’atteindre un maximum de productivité (5). Et ce qui est le plus rentable, ce sont les céréales. En Belgique, près d’un tiers des surfaces agricoles sont consacrées à la production de céréales, en grande partie à destination des animaux d’élevage ou pour produire du biocarburant (6).

Les mécanismes de marché et la pression de la rentabilité entraînent une utilisation des terres agricoles qui non seulement est en désaccord avec le Code wallon de l’agriculture, mais aussi met en péril les paysan·nes d’ailleurs. La manière dont on conçoit nos systèmes agricoles en Europe a des conséquences sur les pays du Sud Global, qui subissent des pressions pour répondre à la demande de denrée alimentaire européenne. 

L’agrivoltaïsme, un nouveau danger pour le monde paysan

Cette année, à l’occasion de la Journée Mondiale des luttes paysannes, le Réseau de Soutien à l’Agriculture Paysanne propose de mettre en lumière la menace de l’agrivoltaïsme. De nombreux projets de production solaire sur des terres agricoles sont en cours en Wallonie. Pourtant, l’agrivoltaïsme entraîne l’artificialisation des sols, dégrade les paysages, monopolise des terres qui ne seront pas cultivées pour produire des denrées alimentaires et aura à terme un impact sur les prix des terres agricoles (7).

 

Il n’y aura pas de transition écologique sans le monde paysan. Il est nécessaire de se mobiliser pour obtenir une régulation du marché foncier, empêcher ces projets néfastes de voir le jour et garantir l’accès aux terres aux paysan·nes pour assurer notre souveraineté alimentaire !

Si tu veux soutenir le monde paysan, rejoins-nous à la manif climat de ce vendredi 19 avril !

Rendez-vous pour un départ groupé à 15h40 au Wolf Sharing Food Market, Rue du Fossé aux Loups 50, Bruxelles.

Nos thématiques

Voir toutes les thématiques