Université Berta Cáceres 2019 | Retour

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« Mieux comprendre pour mieux agir » était le mot d’ordre de cette 3ème édition de l’université Berta Cáceres.

L’université Berta Cáceres c’est deux jours pour apprendre, approfondir et débattre de l’interconnexion entre problèmes écologiques et sociaux à travers des ateliers, de l’action, des discussions et des moments conviviaux.

Cette année, nous avons parlé des valeurs de l’écologie politique et de ses applications réelles à travers le féminisme, l’anti-capitalisme et le décolonialisme

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Faire la révolution sans les femmes ? L’invisibilisation des femmes dans les luttes sociales

Nous avions le plaisir d’accueillir Pauline Grégoire et Camille Wernaers de la collective Noms peut-être et Ouardia Derriche du Collectif féministe Kahina.

Ce panel a traité la question de l’invisibilisation des femmes dans les mouvements révolutionnaires et sociaux. Le constat était partagé par toutes les intervenantes: les noms qui passent à la postérité sont presque exclusivement masculins alors qu’historiquement les femmes ont participé à toutes les luttes. Aujourd’hui, elles sont les premières touchées par la précarité et c’est pourquoi elles participent massivement dans les mouvements de justice sociale, comme les gilets jaunes. Les raisons de leur invisibilisation sont multiples : il y a des barrières à leur engagement car militer représente une troisième journée de travail, après leur emploi et les responsabilités ménagères, la prise de parole, et donc la visibilité, est dominée par les hommes dans les organisations de lutte et les médias et les sciences historiques sont biaisés par l’idéologie sexiste qui évacue les femmes de l’espace public et des mémoires.

Ces mécanismes d’invisibilisation se retrouvent aussi dans les mouvements féministes envers les femmes racisées et issues de l’immigration: on ne leur donne pas la parole, on ne reconnaît pas leur travail ou on se l’approprie puis on refuse de considérer leurs revendications. Les féministes blanches ont intégré les biais racistes de la société capitaliste patriarcale et sont inconscientes de leurs privilèges.

Alors comment lutter contre cette invisibilisation ?

  1. Il faut donner la parole aux concernées;
  2. Utiliser sa crédibilité et son temps de parole pour donner de l’espace à celles qui n’en ont pas;
  3. Ne pas se plaindre et reconnaître qu’on fait partie du problème – pas de #NotAllMen ni de male tears;
  4. Soutenir, mettre son énergie au service de la lutte;
  5. Faire attention au langage (le masculin n’est pas neutre);
  6. Accepter de perdre en visibilité;
  7. Ne jamais penser que les discriminations sont absentes de nos espaces;
  8. Faire la vaisselle et participer aux tâches plus ingrates nécessaires à la lutte
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L’aide au développement : domination post-coloniale ou réponse aux inégalités mondiales ?

Ce panel a été d’une pertinence et d’une impertinence comme on les aime chez écolo j ! Nos 3 intervenant.e.s avaient des profils tout à fait complémentaires : Séverine de Laveleye, ancienne coordinatrice d’une ONG et actuellement députée; Marie Deridder, ancienne actrice du terrain dans le sud et académique; et Aliou Baldé militant du Collectif Mémoire Coloniale et Lutte contre les Discriminations. Iels partageaient une vision critique du développement avec son démarrage incontestablement néocolonial et sa version actuelle qui en est encore fort marquée. Iels nous ont aussi amené.e.s plus loin dans les discussions de la mémoire coloniale, le panafricanisme, les acteurs du développement, le langage actuel du gouvernement belge, etc. En espérant que cette conférence pourra aiguiller les participant.e.s d’apprendre du passé, tout en regardant vers l’avenir.

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Quelle écologie politique ? Environnementalisme, techno-optimisme et écologie radicale en débat

Cet atelier avait pour but de percevoir différentes visions de l’écologie politique. Quatre intervenant·e·s représentant quatre perspectives différentes étaient présent·e·s pour présenter leurs idées. Les participant·e·s ont eu l’occasion de voir chacun·e deux présentations complètes. Puis elles et ils ont résumé celles-ci aux autres participant·e·s.

Le panel était constitué de Damien Ernst (docteur en ingénieurie électronique), Piero Amand (militant de l’écologie radicale), Cloé Devalckeneer (Coprésidente d’écolo j) et Ezio Gandin (ex-Président des Amis de la Terre).

Cloé a présenté la vision écoféministe. Ce mouvement nous explique les liens entre l’oppression subie par la nature et l’oppression subie par les femmes. Il s’est développé dans les années 1980 lorsque des femmes ont inventé de nouvelles formes de mobilisation et produit des textes et rituels pour se réapproprier leur corps, leur esprit et leur environnement. Ces femmes ont été considérées comme des sorcières et persécutées lors d’une « chasse aux sorcières ».

La lutte contre le système capitaliste doit s’entendre comme une lutte systémique. Il s’agit non seulement de voir les effets destructeurs du système sur l’environnement mais également de prendre en compte la place des femmes et d’autres catégories opprimées par le capitalisme. De plus, les femmes sont les premières victimes des destructions environnementales. Voilà pourquoi, pour Cloé, « The future is eco-feminist » !

Piero Amand nous a parlé de l’écologie radicale. Pour cette perspective, le système est voué à s’effondrer. En effet, si on continue à produire comme on le fait aujourd’hui (et plus encore !), les ressources vont bientôt manquer, certaines espèces vont disparaitre, des territoires entiers vont être ensevelis sous les mers, l’augmentation de la température terrestre par rapport à l’ère préindustrielle va atteindre 6 ou 7 degrés… Par conséquent, soit le système s’effondre d’un coup et les êtres humains ne s’y seront pas préparé·e·s ; soit les êtres humains sont conscient.e.s aujourd’hui que ce système n’est pas durable et prennent le problème en main afin de changer le système de manière plus douce, mais tout aussi radicale.Changer de système, et pour cela dénoncer les limites de l’actuel, est donc une priorité !

Ezio Gandin a défini sa vision comme étant l’écologie de la sobriété.

Les Amis de la Terre promeuvent depuis des années un changement de vie et une réflexion sur nos modes de consommation. La non violence et la paix doivent s’installer partout y compris dans l’économie. Le changement des mentalités doit être progressif. Pour y parvenir, il s’agit de donner l’exemple par nos actes. Des conférences, des débats, et des activités plus pratiques sont ainsi organisées par les Amis de la Terre pour mettre en œuvre les idées qu’elles et ils préconisent, comme par exemple l’installation de toilettes sèches.

Enfin, Damien Ernst a défendu la vision technologique. Celle-ci se trouve à l’opposé des trois premières. Elle correspond à l’idée que par le développement de la technologie, on va trouver des solutions aux limites du système actuel.

Si Damien Ernst considère que des législations fortes doivent canaliser quelques inconvénients causés par les hautes technologies, il défend néanmoins une vision plutôt idéalisée de la science. Elle serait la réponse à tous nos problèmes. Nos modes de vies ne seraient pas à remettre en cause. Les désagréments en termes humains et environnementaux sont des pis aller nécessaires pour le bien commun selon lui. L’extraction des minerais constitue un bon exemple : les minerais sont essentiels pour fabriquer des technologies. Autre exemple, lorsqu’on capte du carbone dans l’air, la montagne noire qui résulte de la captation de carbone dans l’air pourrait constituer une belle curiosité à visiter.

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Mort au capitalisme ! Mort à l’État-Nation ! C’est quoi le municipalisme libertaire ?

Pour terminer cette 3ème édition de l’université Berta Cáceres, Miguel nous a préparé un atelier interactif sur le municipalisme libertaire !

 » (…) Le municipalisme libertaire (ou communalisme), né au début des années 1970 sous la plume de l’écologiste états-unien Murray Bookchin, constitue pourtant l’un des projets de société les plus structurés au sein du mouvement anticapitaliste. Mais un projet méconnu. (…) Le municipalisme libertaire propose, par un processus révolutionnaire social et écologique, de « remplacer l’État, l’urbanisation, la hiérarchie et le capitalisme par des institutions de démocratie directe et de coopération ».. Ce fut l’œuvre de Bookchin ; ce fut même, confia-t-il, le but de son existence et sa seule « raison d’espérer ». On aurait raison de se méfier des théories radieuses et des horizons clés en main ; on aurait tort de les railler à l’ère du dérèglement climatique, de la sixième extinction de masse, de l’abstention galopante, de la poussée nationaliste, de l’épuisement prochain des réserves de pétrole et de la concentration toujours plus inouïe des richesses — huit personnes sur la planète possédant autant que la moitié la plus pauvre de la population mondiale. »

Envie de découvrir le municipalisme libertaire ? Par ici pour une bonne synthèse !

À la fin de l’Université Berta Cáceres, écolo j a tenu à exprimer sa solidarité avec le Rojava !

Par soutien à la révolution sociale, féministe et écologique qu’iels ont réussis à mettre en place.

Pour que le droit international soit respecté dans ce conflit comme dans tous les autres.

#SolidarityWithRojava

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